Le sol de l’Ukraine est très riche, et pas seulement en pétrole et en gaz

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Qu’il s’agisse de pétrole, de gaz ou encore de dépôts aurifères, le sous-sol ukrainien est abondamment fourni. Néanmoins, sa richesse se situe surtout plus en surface, au niveau de ses terres arables que l’on nomme tchernozioms. Il s’agit tout simplement du « grenier à blé » de l’Ukraine.

Une présence d’humus en grande quantité

Diverses études alertent sur l’appauvrissement des sols en matière organique et leur dégradation. Aussi, l’Ukraine est l’un des derniers pays qui bénéficient d’un sol très riche et fertile. On y retrouve en effet des tchernozioms (terres noires), des terres dont la couleur provient de la présence d’humus en quantité (entre 3 à 15 %). Le taux moyen d’humus est généré, entretenu et modifié par la décomposition de la matière organique.

Or, cette décomposition se produit par les actions d’animaux en tout genre, mais également celles des bactéries et autres champignons présents dans le sol. Le taux d’humus caractérisant les tchernozioms a donc de quoi faire pâlir les agriculteurs du monde entier. À titre de comparaison, le taux de présence d’humus au niveau des terres agricoles françaises se situe entre 0,5 à 2% seulement.

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Des terres aux nombreuses qualités

L’actuelle guerre avec la Russie commence à avoir de premiers effets négatifs sur les productions de blé ukrainien. Aussi, comme l’explique France 24 dans un article du 17 mars 2022, l’inquiétude autour de pénuries alimentaires mondiales inquiète. Ce n’est pas étonnant dans la mesure où il s’agit ici des terres agricoles les plus fertiles d’Europe. La terre des tchernozioms contient de la matière organique en grande quantité sur une épaisseur d’un mètre en moyenne (6m maximum). Sur les autres types de terres, cette même couche mesure seulement 20 cm en moyenne. Par ailleurs, les tchernozioms sont riches en potasse et le phosphore, ce qui permet aux exploitants de limiter les apports, notamment en engrais chimiques.

De plus, la matière organique s’associe avec l’argile afin de retenir l’eau dans le sol avant de la restituer aux plantes, et ce, même en période de sécheresse. Ainsi, d’importantes récoltes sont assurées, peu importe les conditions. Citons également la végétation herbacée des tchernozioms sauvages, dont le système racinaire permet d’enfouir profondément les matières organiques dans le sol. De plus, la décomposition des racines alimente ces matières organiques en continu.

Acidification et baisse des taux de matières organiques

Les tchernozioms sont exploités depuis le Néolithique. Effectivement, ces derniers ont été très tôt reconnus comme étant très fertiles. Aujourd’hui, il en existe très peu à l’état naturel encore couverts de prairie. Et malgré ces caractéristiques incroyables, les tchernozioms sont également menacés par l’agriculture intensive. Le taux de matière organique a en effet largement baissé au fil du temps, de 12% à la fin du XIXe siècle à 6% maximum au début des années 1990.

Par ailleurs, les tchernozioms sont habituellement jugés résistants à l’acidification. En revanche, cela est rendu en grande partie possible grâce à l’ajout de fertilisants minéraux. Néanmoins, des recherches ont permis de constater une accélération de la dégradation de ces sols, plus précisément une décalcification synonyme d’appauvrissement progressif. La surexploitation menace donc ces tchernozioms et au-delà de la guerre en Ukraine, cela laisse planer une menace sur la sécurité alimentaire mondiale.