Pourrons-nous un jour soigner l’arthrose ? De nouvelles études entretiennent l’espoir

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Crédits : medicatrix

Une molécule récemment découverte aurait permis une régénération des défauts osseux et cartilagineux ainsi qu’un soulagement des symptômes chez des animaux souffrant d’arthrose.

Avec l’âge ou suite à des blessures, le cartilage qui recouvre les extrémités de nos os se fissure, s’effrite et finit par disparaître. Ces lésions, qui guérissent rarement spontanément, peuvent alors conduire au développement de l’arthrose. Il s’agit de l’un des types d’arthrite les plus courants. En France, on estime que cette maladie affecte entre neuf et dix millions de personnes, soit 17 % de la population.

Il est aujourd’hui possible (mais pas toujours) de soulager les douleurs grâce à des anti-inflammatoires. Et malheureusement, il n’existe à ce jour aucun moyen de « réparer les dégâts ». Mais qui sait, peut-être un jour ?

L’Agrine, une molécule curative

Depuis quelques années, une équipe de la Queen Mary University of London travaille à développer des moyens permettant d’encourager la guérison du cartilage chez les animaux souffrant d’arthrose. Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs se concentrent notamment sur une molécule en particulier : l’Agrine.

Concrètement, les chercheurs ont remarqué que lorsqu’elle est implantée dans le cartilage, cette molécule permet d’activer certaines cellules souches dormantes dans l’articulation. Une fois réveillées, elles favorisent ensuite la réparation des lésions.

Pour l’heure, seules des études chez la souris et le mouton ont été menées. Toutefois, ces recherches sont prometteuses. Chez le mouton, notamment, une seule administration d’Agrine dans le défaut cartilagineux semblait suffisante pour déclencher la réparation et augmenter l’activité des animaux pendant les six mois de l’étude.

« D’autres méthodes ont été développées pour fabriquer du nouveau cartilage à partir de cellules cartilagineuses ou de cellules souches. En revanche, toutes consistent à retirer ces cellules des genoux des patients, à les faire pousser et à les traiter en laboratoire avec diverses substances pour les inciter à fabriquer du cartilage et les réimplanter dans l’articulation« , écrit Suzanne E Eldridge, principale auteure de l’étude, dans The conversation.

« Ce processus est laborieux, coûteux et donne des résultats incohérents. Notre approche saute toutes ces étapes », assure-t-elle. « Les cellules souches sont déjà là, dans le genou. Nous avons appris à « leur parler » en utilisant une molécule. De cette manière, nous les avons amenées à faire leur travail efficacement sans avoir à les sortir du corps« .

Transformer l’arthrose en une maladie curable

Autre point important : contrairement à d’autres molécules déjà testées, l’Agrine induirait la croissance du cartilage uniquement là où c’est nécessaire. Les chercheurs n’ont également souligné aucun effet secondaire évident, que ce soit chez les souris et les moutons.

Les chercheurs entendent maintenant poursuivre ces recherches avant d’envisager, dans quelques années, de premiers essais cliniques. Ces premiers travaux ont en effet été menés sur des blessures récentes et sur des animaux relativement jeunes. Aussi, les chercheurs vont devoir s’assurer que la technique fonctionne également sur les individus âgés et sur des traumatismes plus anciens.

« Notre objectif est de transformer l’arthrose en une maladie curable ou du moins évitable. Si cette approche fonctionne chez l’Homme, nous nous attendons à ce qu’une simple injection au genou ou une chirurgie en trou de serrure suffise à guérir les défauts du cartilage et à prévenir d’autres dommages« , écrit la chercheuse.

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Bientôt un nouveau traitement contre l’arthrose ? Crédits : CCO Domaine public

Bloquer la molécule ROR2

La même équipe a également constaté qu’une molécule appelée ROR2, absente du cartilage sain, est généralement produite après une blessure. Nous savons également qu’elle contribue à la dégradation du cartilage dans l’arthrose. Aussi, ils se sont naturellement demandé si le fait de bloquer cette molécule pourrait permettre de soulager l’arthrose.

Dans le cadre d’une autre étude, ils ont pu empêcher les cellules cartilagineuses de souris de produire du ROR2 grâce à une technique dite de « silençage génique par ARN ». Les sujets concernés auraient alors été protégés « dans une certaine mesure » contre une usure supplémentaire. Les chercheurs ont également constaté un soulagement rapide et clair de la douleur.

Là encore, l’équipe entend répéter ces études avant d’envisager de premiers essais cliniques dans quelques années. Suzanne E Eldridge est bien consciente qu’il peut être frustrant pour les patients souffrant d’arthrose de constater que nous ne pouvons pas faire grand-chose pour le moment. « C’est un rêve de pouvoir offrir un traitement médical qui puisse ramener ces patients à leur travail, à leurs loisirs et à une vie épanouie« , dit-elle. « Nous espérons que tous nos efforts porteront enfin leurs fruits« .