Six exocomètes découvertes autour d’une étoile à 800 années-lumière

Crédits : NASA/FUSE/Lynette Cook

Vous connaissiez les exoplanètes, les exolunes (bien que la découverte de l’une d’elles reste encore à confirmer), mais connaissiez-vous les exocomètes ? Six d’entre elles ont été observées autour d’une jeune étoile, à 800 années-lumière de la Terre.

Au cours de ces trente dernières années, des milliers de planètes extra-solaires ont été découvertes au-delà de notre système, pour la plupart détectées par Kepler en utilisant la méthode du transit. Pour se faire, les astronomes capturent et mesurent des baisses périodiques de la luminosité d’une étoile — qui sont le résultat du passage d’exoplanètes. Un nouvel effort de recherches mené par une équipe d’astronomes professionnels et amateurs aura néanmoins permis la découverte de quelque chose de beaucoup plus petit, en orbite autour d’une étoile lointaine. Six exocomètes auraient en effet été observées en orbite autour de KIC 3542116, une étoile à la masse comparable à celle du Soleil, située à 800 années-lumière de la Terre.

L’étude révèle ici une demi-douzaine de boules de glace et de poussière de taille comparable à la célèbre comète de Halley. Les chercheurs ont notamment pu les détecter en décrivant leurs queues, ces nuages ​​de poussière et de gaz qui se forment lorsque les comètes se rapprochent de leur étoile et commencent à se sublimer. Un travail de titan, puisque ces queues n’arrivaient à obscurcir que le dixième de 1 % de la lumière de l’étoile. Si des professionnels ont permis de confirmer la découverte, tout le mérite revient à Thomas Jacobs, un astronome amateur vivant à Bellevue, dans l’État de Washington, membre de la communauté Planet Hunters. Ce projet citoyen mis en place par l’Université de Yale permet à tout un chacun de consacrer un peu de son temps à la recherche d’exoplanètes. Les membres ont en effet accès aux données du télescope spatial Kepler dans l’espoir de remarquer la présence d’irrégularités que les algorithmes informatiques pourraient manquer.

En janvier dernier, l’astronome amateur avait en effet commencé à scanner les quatre années de données obtenues par Kepler. De 2009 à 2013, le télescope avait réussi la prouesse de scanner plus de 200 000 étoiles en effectuant des mesures de leurs courbes de lumière. Une véritable chasse au trésor pour l’astronome qui recherchait des signes de « transit unique » (et non périodique, comme les exoplanètes). Près de cinq mois d’investigations auront permis de cibler six de ces transits autour de l’étoile KIC 3542116, située à 800 années-lumière de la Terre.

Le fait que ces six exocomètes semblent avoir transité très près de leur étoile au cours des quatre dernières années soulève par ailleurs des questions intéressantes : pourquoi y a-t-il autant de comètes dans les parties intérieures de ce système ? Les astronomes ont-ils assisté à une ère de bombardement extrême ? De ces questions pourraient naître des réponses importantes qui nous concernent directement. Il y a entre 4,1 et 3,8 milliards d’années, le système solaire a en effet également connu une période d’intense activité cométaire connue sous le nom de bombardement lourd tardif. Durant cette période, des millions d’astéroïdes et de comètes auraient ainsi régulièrement impacté les corps en orbite dans le système solaire interne. Certains pensent par ailleurs que cet intense bombardement serait responsable de la distribution de l’eau sur Terre.

En outre, KIC 3542116 est une étoile assez jeune, 1 à 1,4 fois plus massive que notre Soleil, et assez brillante. Puisqu’elle est comparable en taille et en masse à notre Soleil, il est donc possible que cette période de bombardement soit similaire à celle traversée par le Système solaire il y a plusieurs milliards d’années. Ainsi, observer ces petits corps orbiter très près de leur étoile serait comme une fenêtre ouverte sur le passé de notre propre système.

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