Dans les forêts calabraises du sud de l’Italie, des archéologues ont récemment identifié un ancien mur de pierre recouvert de mousse qui témoigne un chapitre oublié de l’histoire romaine. Ce mur, mesurant environ 2,7 kilomètres de long, aurait été utilisé par les forces romaines pour contenir Spartacus, le célèbre chef de la révolte des esclaves, et ses hommes.
Le contexte historique
Pour comprendre l’importance de cette découverte, il est essentiel de replacer ce mur dans son contexte historique. Spartacus, un gladiateur thrace, est surtout connu pour avoir mené la troisième guerre servile, également appelée la guerre des gladiateurs. Cette révolte, qui a eu lieu entre 73 et 71 av. J.-C., fut la plus significative des trois grandes révoltes d’esclaves qui ont ébranlé la République romaine.
Tout a commencé lorsque Spartacus s’est échappé d’une école de gladiateurs à Capoue avec environ 70 autres gladiateurs esclaves. Très vite, ils furent rejoints par des milliers d’autres esclaves et ouvriers agricoles, formant une armée hétéroclite, mais déterminée. Spartacus et ses hommes ont réussi à infliger plusieurs défaites aux forces romaines grâce à leur mobilité et à leur connaissance du terrain. Leur objectif principal semblait être de fuir vers le nord pour traverser les Alpes et retrouver la liberté en dehors des territoires romains.
La révolte de Spartacus mit en lumière les tensions sociales et économiques de la République romaine, marquée par une dépendance croissante à l’égard de l’esclavage et une grande disparité entre les riches et les pauvres. La rébellion des esclaves a provoqué une réponse militaire sévère de la part de Rome qui ne pouvait tolérer un tel défi à son autorité.
Le mur de Spartacus : une stratégie de confinement
Les fouilles archéologiques ont révélé que ce nouveau mur découvert faisait partie d’un système de défense romain sophistiqué connu sous le nom de fossa (fossé) et agger (tertre). Ce type de fortification, couramment utilisé par les Romains, comprenait un fossé profond parallèle au mur, offrant ainsi une barrière physique significative.
Andrea Maria Gennaro, responsable de l’archéologie au ministère italien de la Culture, explique que cette structure servait de barrière naturelle en raison de sa position topographique et de l’absence de portes, divisant ainsi une vaste zone plate en deux parties distinctes. Les archéologues estiment que ce mur a été érigé pour des raisons de sécurité, en particulier pour contenir Spartacus. Le général romain Marcus Crassus aurait en effet construit cette fortification en 71 av. J.-C. pour piéger l’homme et ses troupes. Cette fortification s’inscrit dans la tradition des défenses romaines utilisées par des figures telles que Jules César lors du siège d’Avaricum en Gaule.
Situé en Calabre, près de la montagne Aspromonte, le mur bloquait principalement l’un des derniers passages qui auraient pu permettre à Spartacus et ses hommes de s’échapper vers la Sicile, leur route côtière étant déjà contrôlée par les Romains.
Des artefacts et témoignages d’une bataille épique
En plus de la structure imposante, les fouilles ont révélé une abondance d’artefacts militaires enfouis dans le sol environnant. Parmi eux figurent des armes en fer brisées, notamment des manches d’épée, des lames courbes, des pointes de javelot et des pointes de lance. Ces découvertes suggèrent qu’une bataille épique a eu lieu sur ce site, probablement lors des derniers affrontements entre les forces de Spartacus et les légions romaines de Crassus.
Les styles des armes découvertes permettent de dater ces artefacts à la fin de la période républicaine romaine, ce qui corrobore l’hypothèse que le site a été le théâtre de combats violents entre Spartacus et les Romains.
Les sources historiques, notamment « La vie de Crassus » écrite par le philosophe et historien grec Plutarque, mentionnent également cette construction et confirment son rôle dans la stratégie de Crassus pour écraser la rébellion de Spartacus. La découverte de ce mur et des artefacts associés offre donc un aperçu tangible et fascinant des tactiques militaires romaines et des événements de la rébellion de Spartacus.