Près d’un aéroport, les descendants des évadés de 1948

singe vert
Un singe vert Crédits : Wikimedia Commons

En Floride, une population de singes verts africains prospère dans une forêt de mangroves près d’un aéroport. Des chercheurs ont récemment effectué une analyse génétique pour déterminer leur origine. Résultat : ils sont les descendants d’une poignée d’individus évadés d’un labo en 1948.

Des singes endémiques d’Afrique en Floride

Depuis plus de soixante-dix ans, une colonie de singes verts (Chlorocebus sabaeus) endémiques de l’Afrique de l’Ouest évolue dans le sud de la Floride, sur un terrain de 1500 acres de forêt de mangroves situées à proximité de l’aéroport international de Fort Lauderdale-Hollywood. Les habitants de Dania Beach y sont depuis habitués. La compagnie des singes est même appréciée. D’ailleurs, beaucoup n’hésitent pas à compléter le régime des primates (composé de graines de palmier rouges, de raisins de mer et de lézards) par des bananes, des mangues et autres friandises.

Depuis tout ce temps, cependant, personne ne savait réellement comment ces primates étaient arrivés là. Une équipe de l’Université Florida Atlantic (FAU) s’est récemment penchée sur la question. Pour ces travaux, ils se sont appuyés sur des échantillons de matières fécales, ainsi que sur des échantillons de tissus de singes tués par des véhicules ou des lignes électriques.

singes verts
Un jeune individu. Crédits : Charles J. Sharp

Les évadés de 1948

Ces analyses ont d’abord confirmé qu’il s’agissait bien de singes verts, dont certaines caractéristiques les distinguent d’autres primates de l’Ancien Monde. « Nos singes à Dania Beach ont une queue à pointe dorée et des cheveux brun verdâtre, n’ont pas de bande sourcilière prononcée autour du visage et les mâles ont un scrotum bleu pâle« , détaille Deborah Williams, biologiste à la Florida Atlantic University et auteur principal de l’étude. « Ces traits phénotypiques sont caractéristiques de Chlorocebus sabaeus« .

D’après The Guardian, les chercheurs ont également pu retracer l’origine de la colonie jusqu’au Dania Chimpanzee Farm.

En 1948, plusieurs dizaines de singes verts se sont en effet échappés de ce complexe, où l’on extrayait du sang de spécimens adultes pour la recherche médicale. Les primates de l’établissement (des singes verts, mais aussi des mandrills et des chimpanzés) étaient à l’époque utilisés comme sujets de test pour le vaccin contre la polio ou pour étudier la tuberculose et d’autres maladies infectieuses. Le laboratoire, acheté en 1939 par un cousin de Theodore Roosevelt, fonctionnait également comme un zoo et une attraction touristique.

La plupart d’entre eux ont ensuite été repris, mais certains ont disparu dans un marais de mangrove entre Port Everglades et l’aéroport de Fort Lauderdale. Leurs descendants, au nombre d’environ 41, y vivent encore aujourd’hui, selon ces analyses génétiques.

Malheureusement, la perspective à long terme de la colonie semble compromise. La modélisation informatique suggère en effet que la population devrait finalement s’éteindre d’ici une centaine d’années.