Pourquoi les singes ne peuvent-ils pas parler ?

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Comme nous, ce sont des primates sociaux, intelligents et loin d’être silencieux. Pourtant, même nos plus proches cousins que sont les chimpanzés et les bonobos ne semblent pas pouvoir parler. Pourquoi ?

Il a longtemps été établi que les primates n’avaient pas le cerveau câblé pour l’usage de la parole. Nous pensions également que les singes ne disposaient pas de l’appareil phonatoire adéquat. Celui-ci se compose en effet des poumons, de muscles, du larynx, du pharynx, des fosses nasales, des cordes vocales, du voile du palais, de la langue et des lèvres. Chez les primates, ce dispositif est bien complet certes, mais le larynx, principal élément de l’appareil phonatoire, se retrouve légèrement décalé. Et c’est là toute la différence, disait-on à l’époque. Mais est-ce vraiment anatomique ?

Les limitations empêchant les primates et les grands singes de parler ne se trouvent pas dans l’anatomie de leur conduit vocal, mais bien dans leur cerveau, établissait en décembre dernier une équipe internationale de chercheurs. Ainsi ni leur larynx, leur langue et leurs lèvres ne seraient responsables. Les chercheurs, qui avaient utilisé des radiographies vidéo afin de construire un modèle informatique de la parole chez le singe, avaient alors constaté que les singes pourraient facilement produire de nombreux sons (assez pour créer des milliers de mots) si leur cerveau le leur permettait. Mais est-ce pour autant définitif ?

Selon des chercheurs du CNRS qui publiaient un rapport en janvier dernier, les babouins sauraient prononcer cinq sons qui ressemblent à cinq de nos voyelles. Ainsi nos cousins auraient des dispositions physiologiques et mentales pour le langage articulé, chose que l’on ignorait auparavant. Les résultats, publiés dans la revue Plos One, indiquent en effet que les babouins font davantage que pousser des cris, « ils savent prononcer distinctement cinq voyelles, ou du moins cinq vowel like segments, ou VLS, des sons ressemblant à nos voyelles et correspondant à peu près à a, è, i, o et ou », pouvait-on lire.

Au vu des ces dernières découvertes, il ne semblerait pas que la position du larynx chez Homo sapiens ait enclenché l’apparition de la parole. Elle aurait pu alors apparaître plus tôt. Les langues parlées auraient pu évoluer à partir d’anciennes compétences articulatoires déjà présentes chez notre dernier ancêtre commun, Cercopithecoidae, il y a environ 25 millions d’années.

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