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Singes hurleurs : ceux qui crient le plus fort en ont de plus petits !

Une étude britannique a conclut que les mâles aux vocalises les plus fortes sont également les moins virils. Les scientifiques ont établi un lien étroit entre le développement des organes vocaux et des organes génitaux.

Ce sujet d’étude peut faire sourire, mais ne manque en réalité pas de sérieux. En effet, il s’agit d’une question qui n’avait jamais été abordée par les spécialistes des singes hurleurs, les primates du genre Alouatta. L’étude en question provient de l’Université de Cambridge et a été publiée dans la revue Current Biology en septembre 2015.

Les singes hurleurs seraient capables de pousser des cris audibles jusqu’à 16 km de distance ! Mais selon les espèces de ce type de primates, les individus seraient moins dotés sexuellement en fonction de la puissance de leurs cris. Cela revient à dire que plus leurs vocalises sont fortes, moins les individus sont virils.

Ce constat, à caractère humoristique malgré lui, a été le fruit du travail des chercheurs qui ont collecté des données dans le but de comparer 9 des 10 espèces connues de singes hurleurs. Ils ont également modélisé en 3D différents os hyoïdes de ces primates, au nombre de 255, ce type d’os étant situé en dessous de la langue et au-dessus du larynx. Enfin, diverses mesures ont concerné la longueur du crâne, le poids de l’individu, le volume des canines et la taille des testicules. Les chercheurs ont établi cette corrélation : un os hyoïde de taille importante confère une capacité vocale exceptionnelle au primate, lui attribuant également une taille de testicules plus réduite que ses compères.

Selon Jacob Dunn, zoologiste ayant piloté les recherches, les singes hurleurs ayant les plus petits testicules produisent également moins de sperme. C’est pour cette raison que leur organe vocal est aussi développé, il s’agit de montrer toute leur énergie dans le cadre de la compétition entre mâles pour s’attirer les faveurs des femelles.

« Chez d’autres animaux, il y a des données qui montrent que les mâles qui ont des corps imposants, des couleurs vives, des cornes ou des longues canines investissent moins dans d’autres traits reproductifs. Mais c’est la première fois qu’on a la preuve qu’une espèce développe une forme de compensation entre investissement vocal et production de sperme » explique Jacob Dunn au Washington Post du 22 octobre 2015.

Sources : Washington Post – Slate – Sciences et Avenir

Yohan Demeure, expert géographe

Rédigé par Yohan Demeure, expert géographe

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.