S’il y a de la vie ici, alors il y en a peut-ĂȘtre sur Mars

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Le robot ZOË, dans le dĂ©sert d'Atacama. CrĂ©dits : David Wettergreen

Un robot dĂ©ployĂ© dans le dĂ©sert d’Atacama, l’environnement terrestre le plus ressemblant Ă  celui de Mars, a retrouvĂ© sous terre un nouveau type de microbes hautement spĂ©cialisĂ©s. De quoi favoriser les recherches futures de signes de vie sur la planĂšte rouge.

Le dĂ©sert d’Atacama est l’endroit le plus sec de la planĂšte. La pluie n’y tombe quasiment jamais. Un environnement extrĂȘme qui nous rappelle celui de Mars. Ils sont en effet trĂšs ressemblants, Ă  bien des Ă©gards. C’est pourquoi de nombreuses missions se « font la main » dans ce dĂ©sert avant de s’embarquer pour la planĂšte rouge. Les lieux sont Ă©galement trĂšs apprĂ©ciĂ©s des microbiologistes qui, en recherchant des signes de vie dans cet environnement extrĂȘme, peuvent juger du potentiel de vie sur Mars. Et de la vie, il y en a eu. Mais il faut creuser un peu pour la trouver. Les dĂ©tails de l’étude sont publiĂ©s dans la revue Frontiers in Microbiology.

Des bactéries hautement résistantes

Un robot expĂ©rimental – baptisĂ© ZoĂ« – a en effet rĂ©cemment extrait d’étranges bactĂ©ries du sol, Ă  80 centimĂštres de profondeur. Certaines sont inconnues de la science, et prĂ©sentent des adaptations hautement spĂ©cialisĂ©es. Et c’est une trĂšs bonne nouvelle, si l’on part du principe que toute forme de vie sur Mars devrait Ă©voluer sous la surface pour Ă©chapper aux conditions de surface difficiles (rayonnement solaire, tempĂ©ratures basses, manque d’eau). « Nous avons trouvĂ© des microbes adaptĂ©s Ă  de fortes concentrations de sel, similaires Ă  ce que l’on peut espĂ©rer dans le sous-sol martien », explique Stephen Pointing, du Yale-NUS College de Singapour.

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La perceuse robotisĂ©e du rover ZoĂ«, utilisĂ©e pour forer dans le dĂ©sert d’Atacama. CrĂ©dits : Stephen Pointing

L’espoir d’une vie microbienne sur Mars

Il y a dans le dĂ©sert d’Atacama trĂšs peu d’apports en eau, et les sols sont devenus trĂšs pauvres en Ă©lĂ©ments nutritifs et extrĂȘmement salĂ©s au fil du temps. Ils ressemblent chimiquement aux sols retrouvĂ©s sur Mars. Le fait de retrouver une vie passĂ©e (les bactĂ©ries Ă©taient mortes) dans cet environnement laisse donc entrevoir l’espoir qu’une vie microbienne s’est peut-ĂȘtre un jour dĂ©veloppĂ©e sur Mars. Du mois dans son sous-sol. Il ressort nĂ©anmoins de cette Ă©tude que les populations de microbes Ă©taient trĂšs inĂ©gales, et liĂ©es Ă  la disponibilitĂ© limitĂ©e en eau, aux Ă©lĂ©ments nutritifs rares et Ă  la gĂ©ochimie du sol.

« Ces rĂ©sultats confirment une rĂšgle Ă©cologique fondamentale selon laquelle la vie microbienne est inĂ©gale dans les habitats les plus extrĂȘmes de la Terre, ce qui laisse Ă  penser que la vie passĂ©e ou prĂ©sente sur d’autres planĂštes peut Ă©galement prĂ©senter des irrĂ©gularitĂ©s, explique Nathalie Cabrol, co-auteure de l’étude. Bien que cela rende la dĂ©tection plus difficile, nos rĂ©sultats fournissent des indications possibles pour guider les futures explorations martiennes, dĂ©montrant qu’il est possible de dĂ©tecter la vie avec des stratĂ©gies de recherche et d’échantillonnage robotiques intelligentes ».

OĂč chercher sur Mars ?

Les chercheurs ambitionnent maintenant de forer plus profondĂ©ment. Les futurs rovers martiens dĂ©ployĂ©s devraient en effet pouvoir « creuser » jusqu’à 2 mĂštres de profondeur. Il sera donc intĂ©ressant de voir ce que nous pourrions trouver Ă  de telles profondeurs dans le sous-sol du dĂ©sert, ici sur Terre. Quant aux sites de forages, les chercheurs devraient normalement privilĂ©gier les dĂ©pĂŽts fluviaux d’anciennes riviĂšres, oĂč des roches de grĂšs pourraient ĂȘtre retrouvĂ©es. « Ces substrats sont connus pour soutenir la vie microbienne, mais aussi pour prĂ©server les bio-signatures de cette colonisation longtemps aprĂšs l’extinction des micro-organismes ».

Ces prochaines missions concernent principalement deux rovers. Rosalind Franklin, de l’ESA, devrait se positionner au centre d’Oxia Planum, oĂč des traces d’un passĂ© humide ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es. De son cĂŽtĂ©, le rover Mars 2020 de la NASA devrait normalement atterrir au centre du cratĂšre Jezero, censĂ© avoir abritĂ© de l’eau il y a entre 3,5 et 3,9 milliards d’annĂ©es. Les deux robots devraient arriver sur les lieux en 2021.

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