Sibérie : des virus ramenés à la vie après 50 000 ans dans les sols gelés

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Crédits : Brocken Inaglory / Wikimedia Commons

Après plusieurs dizaines de milliers d’années de sommeil, des virus dits « zombies » sont revenus à la vie grâce au dégel du pergélisol de la Sibérie. Cette résurrection s’est faite dans le cadre de travaux menés par des microbiologistes. Or, il ne s’agit pas vraiment d’une bonne nouvelle.

Le pergélisol de tous les dangers

Depuis plusieurs dizaines d’années, le pergélisol des régions arctiques – sol gelé en permanence pendant au moins deux ans – a tendance à fondre, et ce notamment en raison du dérèglement climatique. En Sibérie, cette fonte est une importante source de préoccupation, notamment avec la libération de dioxyde de carbone et de méthane. En 2021, des travaux ont permis de comprendre que le pergélisol libérait également d’importantes quantités de protoxyde d’azote (N2O). Toutefois, le plus grand danger pour les hommes se situerait du côté des virus piégés depuis des millénaires avant leur libération soudaine.

Jean-Marie Alempic, de l’Institut de Microbiologie de la Méditerranée (IMM), est à l’origine d’une découverte et de travaux suscitant l’inquiétude. L’expert et son équipe ont découvert des virus dans des échantillons de pergélisol avant de les dégeler et donc de leur redonner vie. Leurs travaux sont disponibles dans la revue bioRxiv depuis le 10 novembre 2022. Il s’agit d’une pré-publication, si bien que les chercheurs attendent une relecture par des pairs.

Concrètement, il est question de 13 virus issus de 7 échantillons différents, ces derniers provenant des intestins d’un loup de Sibérie ainsi que des restes d’un mammouth laineux. Selon les scientifiques, le plus jeune des virus date de 27 000 ans et le plus ancien de 48 500 ans – un record absolu.

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Crédits : mmmCCC / Pixabay

De possibles infections

L’inquiétude réside dans le fait que ces « virus zombies » seraient encore infectieux malgré les années passées dans le pergélisol. Il faut dire qu’une partie de la matière organique se constitue de cellules ressuscitées comme les procaryotes et les eucaryotes unicellulaires, ainsi que de virus en sommeil depuis la Préhistoire. Les meneurs de l’étude sont formels : ces virus constituent une menace importante pour la santé publique. En effet, une réanimation de ces microbes peut potentiellement infecter des animaux et des humains.

Malheureusement, le risque de dégel et de libération d’agents pathogènes ne peut qu’augmenter à l’avenir. En effet, l’aggravation continuelle du dérèglement climatique et la poursuite du peuplement de l’Arctique laissent peu de place à l’optimisme.

Pour l’instant, il est impossible d’estimer combien de temps ces virus pourraient rester nuisibles pour la santé humaine après leur réveil. Également, aucune information n’existe concernant la probabilité que ces virus rencontrent et infectent un hôte. Ainsi, les scientifiques doivent procéder à des analyses supplémentaires dans le but d’en savoir davantage.