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Crédits : Sciencepost/généré par Grok

Quand la Sibérie arctique connaissait des étés 10 °C plus chauds

Saviez-vous qu’il y a des milliers d’années, les étés en Sibérie arctique étaient bien plus chauds qu’aujourd’hui ? Cette époque, qui remonte à environ 115 000 ans, correspond au dernier interglaciaire. En explorant cette période chaude de l’histoire terrestre, les chercheurs espèrent mieux comprendre les conséquences du réchauffement climatique actuel. 

Comprendre les interglaciaires

Les interglaciaires sont des périodes chaudes qui s’intercalent entre les grandes glaciations planétaires. Ils sont dus aux variations cycliques de l’orbite terrestre et de son orientation par rapport au Soleil, connues sous le nom de cycles de Milankovitch. Ces derniers influencent la quantité de rayonnement solaire reçue par la Terre, particulièrement dans les hautes latitudes, ce qui déclenche des périodes de réchauffement ou de refroidissement planétaire.

Pendant ces phases, la Terre subit une diminution considérable de l’étendue des glaces polaires. Actuellement, nous vivons dans une de ces périodes, appelée Holocène, qui a débuté il y a environ 11 000 ans. Avant cela, le dernier interglaciaire s’est étendu entre 115 000 et 130 000 ans en arrière. Cette époque est particulièrement intéressante pour les chercheurs, car elle présente des conditions climatiques similaires à ce que nous pourrions observer avec le réchauffement climatique.

Un climat radicalement différent en Sibérie

Au cours du dernier interglaciaire, la Sibérie arctique a connu des étés bien plus chauds que ceux d’aujourd’hui, avec des températures estivales moyennes atteignant jusqu’à 15 °C. En comparaison, ces mêmes températures oscillent actuellement autour de 3 °C. Cette différence significative, qui atteint parfois 10 °C, a transformé le paysage de manière spectaculaire.

Pour obtenir ces estimations, les chercheurs ont étudié des carottes de sédiments prélevées dans des régions stratégiques du pergélisol sibérien. Ces sédiments, extraits lors de campagnes de forage, contiennent en effet des traces fossiles précieuses. Les équipes scientifiques ont ainsi identifié des restes de plantes, tels que des pollens et des feuilles, mais aussi des insectes (scarabées et moucherons), des crustacés (ostracodes) et d’autres organismes aquatiques. Chaque élément fossile est comme une capsule temporelle qui offre des indices sur les conditions climatiques de l’époque.

Par exemple, la présence de pollens de bouleaux et de mélèzes dans les couches sédimentaires suggère que des forêts s’étendaient autrefois dans des zones aujourd’hui dominées par la toundra. De même, les fossiles de coléoptères, particulièrement sensibles aux variations de température, permettent de déduire avec précision les températures estivales et hivernales.

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Un aperçu de l’arctique sibérien pendant le dernier interglaciaire s’est produit il y a entre 115 000 et 130 000 ans. Crédits : Sciencepost/généré par Grok

Des leçons pour aujourd’hui et demain

L’étude de ces interglaciaires passés est cruciale pour comprendre la sensibilité de la Terre aux hausses de température. Elle met en évidence comment les changements climatiques peuvent transformer des régions entières, comme la Sibérie arctique, mais aussi remodeler les paysages et les écosystèmes.

L’Arctique est notamment particulièrement sensible au réchauffement climatique en raison de phénomènes de rétroaction positive, liés à l’albédo de la glace (la capacité d’une surface à refléter la lumière solaire). Lorsque la glace fond, elle est en effet remplacée par des surfaces plus sombres, comme la terre ou l’eau, qui absorbent davantage de chaleur. Ce processus amplifie donc encore la fonte des glaces et provoque un réchauffement supplémentaire.

Cette boucle de rétroaction, souvent qualifiée de cercle vicieux climatique, était déjà à l’œuvre lors du dernier interglaciaire. Les étés prolongés et plus chauds ont contribué à une diminution massive des calottes glaciaires tout en réduisant la réflexion solaire et en réchauffant encore plus la région. De nos jours, le réchauffement actuel, bien qu’en partie naturel, est cependant amplifié par les activités humaines, comme les émissions de gaz à effet de serre. En explorant les climats passés, les scientifiques espèrent ainsi mieux anticiper ces bouleversements et guider les efforts pour limiter les impacts du changement climatique.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.