Une récente étude suggère qu’un petit poisson évoluant dans l’obscurité totale a perdu son ancien système de réparation de l’ADN, dépendant de la lumière. On pensait auparavant que seuls les mammifères placentaires en étaient dépourvus. Une découverte qui renforce l’idée que nos ancêtres, les tout premiers mammifères, ont dans un premier temps évolué sous terre pour éviter les dinosaures.
La théorie du « goulot d’étranglement nocturne » stipule que les ancêtres des mammifères modernes ont vécu une existence souterraine et privée de lumière du Soleil, pour éviter de finir dans la gueule des dinosaures. Ils sortaient ainsi la nuit pour se nourrir, et rentraient dans leur terrier au petit jour. Ce n’est qu’une fois les dinosaures éteints que ces petits mammifères ont pu sortir le jour sans crainte. Cette existence souterraine aurait alors pu mener nos ancêtres à laisser tomber leur système de réparation de l’ADN, qui exploite l’énergie de la lumière visible pour réparer les dommages de l’ADN induits par la lumière ultraviolette (UV). Après tout, à quoi bon le développer si ces premiers organismes n’en avaient pas besoin. Mais est-ce vraiment pour cette raison ? Une récente découverte laisse à penser que oui.
Une nouvelle étude publiée dans Current Biology montre qu’il manque également cet ancien kit de réparation de l’ADN chez les petits poissons cavernicoles aveugles (Phreatichthys andruzzii), qui évoluent depuis des millions d’années dans l’obscurité totale. La découverte vient donc renforcer l’idée que l’Homme dépend aujourd’hui de la crème solaire pour éviter les coups de soleil (ou le cancer de la peau), du fait que nos ancêtres évoluaient au départ sous terre. Des millions d’années plus tard, nous n’aurions alors toujours pas (re) développé ce trait génétique nous permettant de réparer notre ADN exposé aux rayons ultraviolets.
« Nous avons révélé dans une espèce de poisson-cave aveugle la perte d’un ancien système de réparation de l’ADN hautement conservé, explique Nicholas Foulkes, de l’Institut de technologie de Karlsruhe en Allemagne, et principal auteur de l’étude. Curieusement, les seuls autres animaux connus pour leur absence de réparation de l’ADN par photoréactivation sont les mammifères placentaires. Ce que nous voyons dans cette espèce de poisson-grotte pourrait donc être la première étape d’un processus qui avait déjà eu lieu chez nos ancêtres à l’époque mésozoïque ».

S’il s’agit ici d’un bel exemple d’évolution convergente – dans ce cas la disparition d’un trait similaire – apparaissant chez des espèces non apparentées, des efforts supplémentaires seront nécessaires pour établir un lien clair entre le mode de vie souterrain de nos ancêtres et la disparition de notre kit de réparation d’ADN. D’autres raisons pourraient en effet également l’expliquer. Ayant conservé d’autres mécanismes de réparation de l’ADN, à savoir NER (réparation par excision de nucléotide) et BER (réparation par excision de base), les mammifères ne dépendraient finalement peut-être pas uniquement de ce kit de réparation par photoréactivation, préférant s’appuyer sur l’efficacité des deux autres.
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