astronaute lune
Illustration d'un astronaute mort sur la Lune générée par Grok.

Si un astronaute mourait sur la Lune, qu’arriverait-il à son corps ?

L’exploration de la Lune est une entreprise complexe qui soulève non seulement des défis techniques et scientifiques, mais aussi des questions logistiques et éthiques auxquelles personne n’avait songé lors des premières missions spatiales. L’une des questions les plus inattendues concerne le décès d’un astronaute sur la Lune. Dans un environnement aussi extrême, comment gérer un corps humain ? Quels seraient les processus biologiques impliqués ? Et quelles solutions existent pour respecter à la fois les protocoles spatiaux et les règles internationales ?

La gestion d’un décès dans l’espace : les protocoles de la NASA

Les morts d’astronautes dans l’espace, bien que très rares, sont une situation que la NASA prend très au sérieux. Sur la Station spatiale internationale (ISS), les astronautes suivent des formations spécifiques qui incluent des simulations de décès pour se préparer à ces scénarios graves. Ces exercices visent à enseigner aux membres de l’équipage comment réagir face à une mort, et comment gérer la situation d’un point de vue logistique et émotionnel. Lorsqu’un décès survient, la priorité est de protéger la santé des autres astronautes. En raison de l’étroite proximité entre les membres de l’équipage, il est en effet crucial d’éviter la contamination ou la propagation de microbes, ce qui nécessite une gestion stricte du corps décédé.

Dans l’hypothèse d’une mort à bord, le corps de l’astronaute est stocké dans une partie de la station qui est la plus froide pour limiter les risques liés à la décomposition. Une fois ce stockage effectué, les membres de l’équipage disposent de plusieurs options pour gérer les restes. La première option serait de ramener le corps sur Terre en l’envoyant à bord d’un vaisseau spatial vers notre planète. Une autre option est la rentrée atmosphérique qui consiste à envoyer le corps dans une trajectoire de destruction où il se désintégrerait en entrant dans l’atmosphère terrestre. Ce procédé vise à éviter que des restes soient laissés dans l’espace ou en orbite où ils risqueraient de devenir un débris spatial.

Qu’en est-il sur la Lune ?

Ces protocoles sont adaptés aux conditions de l’ISS, un environnement fermé et contrôlé, et doivent être repensés dans le cadre d’une mission lunaire où les conditions extrêmes sont bien différentes.

Le moment du décès a des implications, notamment en cas de rupture de la combinaison. Si un astronaute meurt pendant la journée lunaire, avec des températures avoisinant les 127 °C, le corps subirait des effets drastiques et potentiellement irréversibles en raison de l’environnement hostile de la Lune. L’intense chaleur provoquerait une déshydratation rapide, l’évaporation de l’eau corporelle et le dessèchement des tissus avant même que le processus de décomposition ne puisse commencer dans des conditions normales.

Pendant la nuit lunaire, qui dure environ quatorze jours terrestres, la température chute jusqu’à des valeurs glaciales avoisinant -173 °C. À ce moment, le corps de l’astronaute se congèlerait instantanément, ce qui préserverait les tissus mous dans un état presque momifié. Cependant, une fois la nuit passée, ce même corps congelé serait brusquement exposé à une chaleur extrême. Un tel choc thermique provoquerait alors un stress considérable sur les tissus corporels qui pourrait entraîner leur dégradation accélérée. À plus long terme, l’absence d’atmosphère et l’exposition aux radiations solaires continueraient de dégrader lentement les cellules et les tissus restants, mais ce processus prendrait des décennies.

Lune hélium 3
Crédits : dima_zel/istock

En cas de non-rupture de la combinaison

Si la combinaison de l’astronaute reste intacte après son décès, le processus de décomposition serait considérablement modifié en raison de la protection offerte par la combinaison. Dans ce cas, la principale différence par rapport à la rupture de la combinaison réside dans le fait que le corps serait préservé des conditions extrêmes de température et de vide qui accéléreraient autrement la dégradation. Toutefois, même avec la protection de la combinaison, le corps commencerait à subir une sorte de dégradation biologique lente initiée par les bactéries internes.

À plus long terme, l’absence d’atmosphère lunaire continuerait de poser un problème majeur : l’exposition aux radiations solaires. Ces derniers, combinés aux variations de température pendant les cycles jour/nuit lunaires, seraient finalement capables d’affecter lentement la structure de la combinaison, puis du corps.

Lune hélium 3
Crédits : dima_zel/istock

Les solutions envisageables : le traitement et le respect des règles internationales

L’une des principales préoccupations en cas de décès sur la Lune serait de respecter les conventions internationales qui visent à préserver l’environnement spatial. La NASA et d’autres agences spatiales suivent les directives des Nations Unies pour limiter la contamination de l’espace, notamment l’interdiction de laisser des débris dangereux en orbite ou sur la Lune. Cela rend inacceptable de simplement jeter un corps dans l’espace ou de le laisser à la surface lunaire sans prendre des mesures pour éviter la contamination biologique et préserver la sécurité environnementale.

Une première solution consisterait à incinérer le corps pour détruire toutes les bactéries terrestres. Cela garantirait que la Lune ne soit pas contaminée par des agents pathogènes venus de la Terre. Une autre option serait l’inhumation du corps sur la Lune dans un endroit protégé, ce qui permettrait à la fois de respecter les protocoles sanitaires et de préserver les restes.

Des recherches ont également été menées pour utiliser des bras robotisés qui pourraient transporter le corps dans un sac de congélation à l’extérieur du vaisseau spatial. Cette technique viserait à minimiser le poids et à garantir une gestion hygiénique du corps tout en respectant les contraintes d’espace. Une fois le corps congelé, le bras robotisé pourrait secouer le sac, briser le corps en petits morceaux afin de le réduire ainsi à une quantité plus gérable pour le transport vers la Terre.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.