Une étude suggère que les plaquettes (cellules permettant la coagulation du sang) se sont développées pour la première fois il y a environ 300 millions d’années chez un animal ressemblant à l’ornithorynque. Sans elles, le placenta n’aurait jamais pu se développer chez les mammifères.
Le placenta est un organe qui se forme spécialement durant la grossesse pour assurer le bon développement du foetus. Ses fonctions sont multiples. C’est lui qui permet au bébé de puiser dans le sang maternel l’eau, les nutriments et l’oxygène dont il a besoin. Il bloque également certaines substances et microbes susceptibles de nuire au bébé. Enfin, il assure l’élimination de ses déchets organiques et sécrète un tas d’hormones essentielles au bon développement de la grossesse. Bref, sans le placenta, pas de petits humains.
Mais pour développer un tel organe, encore fallait-il avoir développé au départ un moyen d’empêcher les saignements. De coaguler le sang, donc. C’est alors que les plaquettes entrent en jeu.
Des plaquettes développées il y a 300 millions d’années
Il s’agit en réalité de petites cellules sécrétoires énucléées produites à partir de mégacaryocytes. Elles s’agglomèrent pour occlure un site de saignement, pour initier la formation de thrombus et sécréter des facteurs de croissance pour réparer les vaisseaux sanguins. Les cellules plaquettaires ont donc joué un rôle crucial dans l’évolution des mammifères euthériens que nous sommes en prévenant les hémorragies à la naissance. Et ces cellules auraient été développées en premier lieu chez un animal ressemblant à un ornithorynque il y a environ 300 millions d’années.
C’est du moins ce que suggère une étude menée par des chercheurs de l’Université de Londres et de l’Université de Yale. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Biology Letters.
Les plaquettes, essentielles à la survie de la mère et de l’enfant
Avec son grand bec de canard, cet animal pondeur aurait en effet commencé à créer des plaquettes par hasard. Et cela s’est produit avant même que les mammifères monotrèmes et euthériens ne se séparent. « Cette caractéristique unique a ensuite été transmise, permettant le développement de la placentation invasive« , expliquent les chercheurs. « Pendant le travail, la déconnexion sûre du placenta de l’utérus est essentielle à la survie de la mère et de l’enfant. Donc sans les plaquettes, l’évolution des mammifères utériens, y compris les humains, n’aurait jamais pu avoir lieu ».
Du point de vue de l’évolution, les plaquettes sont aujourd’hui considérées comme une exaptation. En fait, c’est un trait qui a un rôle important, mais qui a évolué dans un but différent avant d’assumer ce rôle. Toujours est-il que, sans cet animal étrange à bec de canard évoluant sur Terre avant même l’apparition des dinosaures, nous ne serions probablement pas là.
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