Une équipe de chercheurs explique avoir construit une carte de ce à quoi la Terre pourrait ressembler si elle était scrutée par des observateurs extraterrestres, situés à plusieurs années-lumière.
Nous avons à ce jour découvert plus de 4 000 exoplanètes. Malheureusement, les astronomes sont loin de pouvoir définir lesquelles sont habitables, et lesquelles ne le sont pas. « Les études actuelles sur les exoplanètes n’ont pas permis de déterminer les exigences minimales en matière d’habitabilité, explique Siteng Fan, principal auteur de l’étude. Certains critères sont proposés, mais nous ne savons pas s’ils sont suffisants ou nécessaires. Deuxièmement, même avec ces critères, les techniques d’observation actuelles ne permettent pas de confirmer l’habitabilité, en particulier sur les exoplanètes de type terrestre, en raison de la difficulté à les détecter et à les appréhender ».
Notre planète comme exemple
Notre planète étant actuellement la seule planète connue pour abriter la vie, il serait donc logique de la prendre comme exemple. Se pose alors naturellement la question suivante : que verrait une civilisation suffisamment avancée si elle observait notre planète ? Siteng Fan et son équipe de Caltech se sont posé la question. Le fait d’étudier à quoi ressemble la Terre pour des observateurs distants pourrait également nous permettre d’affiner nos recherches sur les exoplanètes potentiellement habitables. Ils détaillent leurs travaux dans The Astrophysical Journal Letters.
Deux des éléments clés permettant à la vie de prospérer sur Terre sont les suivants : son climat et le cycle de l’eau. Ce dernier implique la formation de couvertures nuageuses, de glace et d’eau liquide en surface. Partant de ce principe, leur présence pourrait être considérée comme des indications potentielles d’habitabilité. L’idée consiste donc à pouvoir identifier ces caractéristiques d’un point de vue très éloigné.
La Terre vue de (très) loin
Pour ces travaux, les chercheurs ont compilé 9 740 images de la Terre prises par le satellite Observatoire du climat dans l’espace profond (DSCOVR) de la NASA. Ces images ont été prises à plusieurs intervalles et à des distances différentes. Elles ont ainsi permis de capturer la lumière réfléchie par l’atmosphère de notre planète sous plusieurs longueurs d’onde. Les chercheurs se sont alors appuyés sur ces images pour former un spectre de réflexion en 10 points tracés dans le temps, qui ont ensuite été intégrés sur le disque de la Terre. Ils ont alors obtenu une première image de la Terre possiblement vue par un observateur situé à plusieurs années-lumière.

Les lignes noires délimitent ici approximativement les côtes des principaux continents. Ceux-ci sont colorés en vert. Ce n’est pas très évident, mais au centre se trouve l’Afrique. En haut à droite l’Asie. Et à gauche l’Amérique du Nord et du Sud. En bas se trouve l’Antarctique. Les autres parties représentent les océans terrestres. Les zones les moins profondes sont indiquées en rouge et les plus profondes en bleu.
Ce type de travail, en plus de nourrir notre curiosité naturelle, pourrait donc permettre d’estimer à l’avenir si une exoplanète est survolée de nuages, ou si elle contient des océans, par exemple. En d’autres termes, si elle est habitable, voire habitée. Ce n’est ici qu’un travail préliminaire. Dans quelques années, les prochains télescopes seront en mesure de nous fournir des données encore plus précises, en photographiant directement ces mondes extrasolaires.
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