Dans une étude récente, des chercheurs étasuniens indiquent que la réalité virtuelle est loin d’être un gage de protection des données. Seulement cinq minutes suffisent pour identifier un utilisateur dans la réalité virtuelle. Ainsi, personne n’est anonyme dans son univers virtuel.
Une identification en un temps record
Depuis plusieurs années, la réalité virtuelle se démocratise progressivement. Néanmoins, se posent des questions au sujet de la vie privée et de la confidentialité. Une équipe de chercheurs de l’Université Stanford (États-Unis) s’est intéressée à cette question dans le cadre d’une étude publiée dans la revue Scientific Reports le 15 octobre 2020. Les directeurs de l’étude ont mené une expérience auprès de 511 volontaires. Le système mis au point pour l’occasion a permis d’identifier 95 % des utilisateurs dans la VR. Des analyses de données de tracking de mouvements ont permis ces identifications en seulement cinq petites minutes.
Les participants équipés d’un casque HTC Vive et de deux contrôleurs Wand devaient visionner cinq vidéos à 360° durant une vingtaine de secondes. Par ailleurs, certaines de ces vidéos comportaient de petits éléments ayant pour but de focaliser l’attention du regard de l’utilisateur. D’autres immergeaient ce dernier dans une zone quasi vide comme une forêt.
Ensuite, les données de tracking des mains et de la tête ont alimenté un algorithme (machine learning) afin de créer son profil. Citons sa taille et sa posture, sa façon de se déplacer, la vitesse de rotation de sa tête ou encore sa distance par rapport au contenu VR et la position des contrôleurs au repos. L’analyse de ces données a permis d’identifier les utilisateurs avec précision, mettant en évidence un danger de la VR pour la confidentialité.
Personne n’est anonyme dans la VR
Rappelons que la politique de confidentialité d’Oculus et HTC promet une anonymisation des données avant tout partage. Malheureusement, les recherches dévoilées dans l’étude montrent qu’il est finalement très facile de reconnaître une personne en prenant en compte ses mouvements. Ainsi, l’anonymisation des données apparaît totalement inutile. Pour aller plus loin, évoquons le fait que les sociétés sont en mesure de collecter ces données biométriques auprès des fabricants de casques. Ceci leur permet de créer un profil marketing pour proposer de la publicité en fonction des préférences et habitudes de l’utilisateur. La conclusion de l’étude évoque donc de nouvelles possibilités offertes par les données relevant du tracking. En revanche, il est également possible d’utiliser ces données de manière frauduleuse. Les chercheurs appellent l’industrie et la communauté à mettre sur pied des méthodes afin de mieux protéger ces données. Or, ceci existe déjà avec Firefox Reality.
En tout cas, ce phénomène interroge dans la mesure où d’autres technologies de tracking biométriques intègrent progressivement la VR. Citons notamment l’eye tracking et le suivi des mouvements de bouche, ainsi que l’utilisation d’accessoires connectés tels que les montres intelligentes et autres bracelets de fitness. Ainsi, les données issues des systèmes seront bientôt à disposition des publicitaires. Des sociétés telles que Facebook pourraient alors exploiter cette opportunité pour vendre des données utilisateur à des tiers pour effectuer des opérations de ciblage publicitaire.