Des serres spatiales pourraient-elles résoudre la crise alimentaire sur Terre ?

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Crédits : Nanoracks / Mack Crawford

La société Nanoracks prévoit de libérer des serres en orbite pour créer des cultures ultra-résilientes capables de prospérer dans les environnements les plus hostiles de la planète. De cette manière, les chercheurs espèrent conjurer la crise alimentaire imminente résultant du changement climatique.

Notre espèce est physiquement présente en permanence dans l’espace depuis un peu plus d’une vingtaine d’années. Aussi, depuis le début, les chercheurs se concentrent sur les moyens de cultiver de la nourriture capable d’être consommée dans l’espace. La société Nanoracks vise quant à elle un projet différent : s’appuyer sur l’espace pour cultiver des aliments au profit des habitants de la Terre.

Basée à Houston (Texas), cette société vient en effet de signer un contrat avec le bureau d’Abu Dhabi d’investissement (ADIO) pour ouvrir un centre de recherche agricole « version espace » aux Émirats arabes unis (EAU) : le StarLab Space Farming Center. Concrètement, le but serait de cultiver des plantes dans l’espace de manière à ce que ces dernières deviennent plus résistantes. De fait, elles pourraient ensuite être cultivées dans les conditions les plus arides sur notre planète.

Des mutations d’ADN bénéfiques

Comme le souligne Jeffrey Manber, le PDG et cofondateur de Nanoracks, ces travaux s’appuient sur des recherches antérieures montrant que de nouvelles mutations dans l’ADN des plantes peuvent émerger en milieu de microgravité. Ces nouvelles mutations pourraient alors conduire à la création de nouvelles variétés plus résilientes.

La Chine fait notamment depuis longtemps l’expérience de ce type d’approche. D’ailleurs, la deuxième variété de blé la plus populaire actuellement cultivée dans le pays, le Luyuan 502, a été développée grâce à la sélection spatiale.

« Grâce aux mutations d’ADN qui se produisent dans l’espace, nous avons créé des variétés qui ont des rendements plus élevés, qui proposent de meilleurs profils nutritionnels et une meilleure résistance aux maladies. Elles nécessitent également moins d’eau ou tolèrent des températures plus élevées », souligne à Space.com le Professeur Liu Luxiang, de l’Académie chinoise des sciences agricoles.

D’après le chercheur, la Chine investit de plus en plus dans diverses technologies de sélection végétale pour s’assurer qu’elle sera en mesure de nourrir sa population dans les années à venir.

De leur côté, les Émirats arabes unis pourraient viser davantage d’indépendance vis-à-vis de sa sécurité alimentaire. En effet, à l’heure actuelle, seuls 5% des terres de ce pays sont cultivées, faute de mieux (terres arides, manque d’eau). En conséquence, les EAU importent environ 80% de leur nourriture. À terme, l’idée serait donc de pouvoir s’appuyer sur des espèces végétales capables de résister à cet environnement particulier.

« La recherche sur la production alimentaire dans les conditions extrêmes de l’espace peut détenir la clé pour améliorer nos capacités dans les climats désertiques et arides« , a déclaré le porte-parole de l’ADIO. « C’est pourquoi nous soutenons Nanoracks« .

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Les EAU depuis l’espace. Crédits : Twitter / @astro_hazzaa

Dans un premier temps, plusieurs espèces pourraient être envoyées à bord de la station spatiale internationale, avant de proposer des serres autonomes, pourquoi pas au cours des cinq prochaines années. Le StarLab Space Farming Center prévoit également le développement de systèmes robotiques et automatisés pour l’entretien de ces futures « serres de l’espace ».