Une étude internationale récente laisse penser que l’endroit où les personnes ont passé leur enfance et leur adolescence influe sur leur futur sens de l’orientation. Les personnes ayant grandi dans une ville prévisible et quadrillée auraient ainsi un sens de l’orientation moins développé.
Des recherches basées sur un jeu vidéo
Il y a peu, nous nous intéressions à la question du sens de l’orientation chez les femmes et les hommes. Malgré les préjugés conférant aux femmes une mauvaise capacité à se repérer, il n’existe en réalité aucun degré de capacité d’orientation qui serait déterminé par la différence de genre. Et si les personnes ayant un sens de l’orientation peu efficace devaient en réalité lorgner du côté de l’endroit où elles ont grandi ? Une étude publiée dans la revue Nature le 30 mai 2022 suggère justement un tel lien. Antoine Coutrot, chercheur en science cognitive et navigation spatiale à l’Université de Lyon, a participé à ces recherches.
Concrètement, grandir dans des villes prévisibles et quadrillées telles que New York ou Chicago ne permettrait pas vraiment le développement d’un bon sens de l’orientation. Les chercheurs ont ici basé leurs travaux sur Sea Hero Quest, un jeu vidéo pour mobile qui permet à l’origine d’étudier la maladie d’Alzheimer. L’intrigue de ce jeu consiste à naviguer dans des mers virtuelles afin de localiser des destinations cachées. Le sens de l’orientation des joueurs est alors mis à l’épreuve. Par ailleurs, les scientifiques ont mesuré la capacité de navigation spatiale (non verbale) chez 397 162 personnes.
Un possible impact sur les « cellules-grille »
« Dans l’ensemble, nous avons constaté que les personnes qui ont grandi en dehors des villes étaient meilleures en navigation. Plus précisément, les gens naviguaient mieux dans des environnements à la topologie similaire à celle des lieux où ils avaient grandi », ont indiqué les scientifiques sans oublier de mentionner le fait que le lieu depuis lequel les participants ont joué n’influençait pas les résultats.
Il faut savoir que cette conclusion a été obtenue après avoir effectué un contrôle chez les participants au niveau de leurs compétences en jeux vidéo, leur niveau d’éducation, leur âge et leur sexe. L’hypothèse des chercheurs est relative à certains neurones que l’on surnomme « cellules-grille » qui font partie du système de positionnement du cerveau. Or, le lieu où ces personnes ont grandi a peut-être eu un impact sur ces neurones, plus précisément sur leur façon de transmettre leurs signaux électriques lors des étapes du développement qualifiées de cruciales.
Chercheur à l’University College London (Royaume-Uni) et coauteur de l’étude, Hugo Spiers est toutefois revenu sur le fait que ces recherches ont été menées à l’aide d’un jeu vidéo. Ainsi, les résultats auraient peut-être été différents si les tests avaient eu lieu dans le monde réel.