Il semble que l’espèce humaine continue d’évoluer

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Crédits : Kagenmi/iStock

Une étude portant sur la population du Royaume-Uni estime que malgré les avancées technologiques et le contrôle de l’humain sur la médecine, celui-ci est toujours soumis à la sélection naturelle.

Petit à petit, l’Homme s’est éloigné des lois naturelles à force de développement et de maîtrise de la technologie et de la médecine. Malgré cette capacité à avoir la mainmise sur son monde, une question se pose : la sélection naturelle est-elle toujours présente chez l’humain ? Selon une étude américaine publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 18 décembre 2017, il semblerait que oui.

Ces recherches sont les plus vastes portant sur cette question mais concernent une population bien spécifique, celle du Royaume-Uni. Il semblerait que la sélection naturelle agisse toujours sur les humains, mais d’une façon plus « lente » que ce qui est observé chez les autres espèces vivantes.

Il faut savoir qu’il n’est pas aisé d’observer l’évolution d’une espèce autrement que sur le long terme, tant les changements qui se font au fil du temps sont minimes. En effet, il s’agit d’un processus statistique qui se déroule sur plusieurs centaines de générations. Concernant l’être humain, une difficulté supplémentaire existe, liée aux progrès techniques et culturels qui viennent directement s’opposer au principe de sélection naturelle.

Habituellement au sein d’une espèce, les lignées d’individus (familles) faiblement constituées ont tendance à disparaître progressivement car la nourriture est moins accessible, la concurrence des autres individus plus présente, tout comme une mortalité précoce ou encore une plus grande exposition aux prédateurs, ce qui met à mal leur descendance. Cependant, chez l’humain du 21e siècle, la force physique n’est plus une notion synonyme de survie, à l’opposé du niveau d’études, du statut socio-professionnel et du niveau de richesse. Il s’agit de notion garantissant une longue descendance, bien que les sociétés humaines les plus aisées ont souvent un déficit de natalité, ce qui est plutôt paradoxal.

Il faut également savoir que si l’évolution s’observe par un changement dans le phénotype relatif aux caractéristiques physiques des individus, et qui se transmettra aux générations suivantes, nous ne savons pas encore si le niveau d’études ou la position dans la société d’une lignée peut apporter des modifications de ce même phénotype.

Les chercheurs de l’Université de Californie auteurs de l’étude ont tenté d’identifier des caractéristiques physiques en évolution actuellement chez l’être humain. Pour ce faire, les scientifiques ont utilisé la banque de données UK Biobank où se trouve le plus grand nombre d’échantillons de sang et d’urine au monde, ayant d’ailleurs clairement vu le jour pour l’étude de la génétique.

Les chercheurs ont travaillé sur les données de 200 000 femmes (de 45 ans ou plus) et de 150 000 hommes (de 50 ans et plus), tout autant de volontaires qui se sont déjà reproduits. Les chercheurs ont privilégié ce type de personnes car il était question de s’intéresser à la modification de caractéristiques physiques qui auraient pu favoriser le succès de leur reproduction, et qui se seraient inscrites de manière durable dans leur génétique.

Les résultats ont montré l’existence de 23 caractéristiques pour les femmes – 21 pour les hommes – soumises à la sélection naturelle. Citons par exemple le fait de pouvoir se reproduire de plus en plus tôt chez les femmes, ou encore l’augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC) chez les hommes. Par déduction, les chercheurs ont affirmé que l’IMC augmentait à cause de la musculature des hommes  – du fait du choix de partenaire fait par les des femmes – car l’obésité est un facteur défavorable au succès de la reproduction.

D’autres caractéristiques telles que le poids à la naissance, la petite taille ou encore la très grande taille, ne semblent pas vraiment varier. Les chercheurs estiment que l’être humain continue d’évoluer mais d’une façon très linéaire, sans les changements brutaux qui peuvent se produire chez d’autres espèces.

Sources : The Guardian – Science & Vie