Selon un pneumologue, « si tout le monde porte un masque en tissu, alors ça sera aussi efficace que de porter un masque FFP2 »

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Après le confinement qui devrait prendre fin le 11 mai 2020, la population française sera contrainte de porter des masques « grand public » pour sortir. Autrement dit, des masques en tissu pour la plupart. Le pneumologue Bertrand Dautzenberg a fait une déclaration inattendue à ce propos, estimant que porter des masques en tissu serait aussi efficace que de porter un masque FFP2 en face de quelqu’un qui n’aurait pas de masque.

Une déclaration à nuancer

Alors que les masques avaient été jugés non-indispensables par les autorités au début de l’épidémie, la donne semble avoir changé depuis. Désormais, porter un masque en tissu est de plus en plus fréquent. Ce sera encore davantage le cas après le 11 mai 2020, date annoncée de la fin du confinement. Depuis quelques semaines, divers tutoriels fleurissent sur la toile pour confectionner son propre masque. Néanmoins, celui de l’Association française de normalisation (Afnor) semble avoir rencontré un certain succès avec plus de 500 000 téléchargements.

Pour le pneumologue Bertrand Dautzenberg interrogé par France Info ce 17 avril 2020, c’est une très bonne chose. L’intéressé est même allé jusqu’à déclarer que « si tout le monde porte un masque en tissu, alors ça sera aussi efficace que de porter un masque FFP2 « . Lorsque l’on connaît l’efficacité toute relative des masques en tissu face aux virus, il apparaît compliqué de prendre au sérieux cette déclaration.

Bertrand Dautzenberg part du principe que ces masques en tissu protègent de la projection d’au moins 70 % des gouttelettes. Il s’explique à France Info : « Si la personne qui a le Covid-19 a ce masque, au lieu d’émettre 100 postillons, il va en émettre que 30. Et si l’autre personne en face de lui a aussi ce masque-là, alors il va rester seulement moins d’un tiers des postillons. Donc il va y avoir 8 à 9 postillons sur les 100 du départ. Donc une efficacité globale des deux masques de 90% qui est équivalente aux masques les plus performants ». Pour lui, deux personnes discutant face à face en portant chacune un masque en tissu n’est donc pas moins dangereux qu’un autre cas de figure où l’une des personnes porterait un masque FFP2 et l’autre aucun masque.

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Les masques en tissu, mieux que rien

Chacun se fera son opinion sur la communication du pneumologue français. Toutefois, chacun sait qu’en Asie, les masques homologués font partie du quotidien d’une grande partie de la population. Or, cela a permis une contamination très limitée dans la plupart des pays. En France, il est impossible de permettre à l’ensemble de la population de porter un tel masque. Et pour cause, le personnel hospitalier lui-même est en difficulté à ce niveau. Autrement dit, il faut se rendre à l’évidence : porter un masque en tissu est toujours mieux que de ne rien porter du tout.

Enfin, rappelons que la pénurie de masques homologués en France relève quasiment du scandale d’état. En 2009, notre pays avait un important stock stratégique d’état : un milliard de masques chirurgicaux et 900 millions de masques FFP2. En 2017, il n’y en avait plus que 700 millions ! Entre coupes budgétaires et changement de logistique, la gestion du stock stratégique d’état a été un véritable fiasco sur la dernière décennie.