Selon leurs selles, les bâtisseurs de Stonehenge mangeaient de la viande infestée de vers

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Crédits : Declan Deval, Apod/Nasa

Les bâtisseurs de Stonehenge nous ont laissé un incroyable monument néolithique, mais pas que. Plusieurs coprolithes ont également été retrouvés sur le site. Une analyse de ces restes fécaux fossilisés suggère que les anciens ouvriers (et leurs chiens) consommaient de la viande insuffisamment cuite jonchée de vers parasites, probablement lors des grandes fêtes hivernales.

Des vers parasites Ă  Stonehenge

Tous ces coprolithes ont Ă©tĂ© fouillĂ©s Ă  Durrington Walls, une colonie nĂ©olithique situĂ©e Ă  environ 2,8 km de Stonehenge. Le site aurait abritĂ© bon nombre des ouvriers Ă  l’origine de la construction du site en menhirs il y a entre 4 000 et 5 000 ans. Dans le cadre d’une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Parasitology, des chercheurs en ont analysĂ© dix-neuf, provenant Ă  la fois d’humains et de chiens. D’après les analyses, cinq des Ă©chantillons (quatre de chiens et un d’un humain) contenaient les œufs de divers vers parasites. Il s’agit par ailleurs de la plus ancienne preuve de vers parasites au Royaume-Uni.

Quatre des cinq Ă©chantillons contaminĂ©s contenaient des Ĺ“ufs appartenant Ă  des espèces inconnues de vers capillaires. Il s’agit d’un type de vers parasites Ă©voluant dans les organes internes de plusieurs animaux, notamment du bĂ©tail comme des vaches, des moutons et cochons. Ces vers ont un cycle de vie inhabituel impliquant au moins deux hĂ´tes.

Premièrement, les vers infectent un animal qui ingère accidentellement les Ĺ“ufs de son environnement. Ces Ĺ“ufs se fixent Ă  ses organes internes, puis Ă©closent. Ă€ mesure que les vers grandissent, ils commencent Ă  dĂ©vorer les organes avant de se reproduire de manière asexuĂ©e pour produire d’autres Ĺ“ufs. Les animaux infectĂ©s sont ensuite chassĂ©s par des prĂ©dateurs ou abattus par un humain. Les Ĺ“ufs traversent alors le tube digestif du prĂ©dateur avant d’ĂŞtre excrĂ©tĂ©s dans l’environnement pour ĂŞtre ingĂ©rĂ©s par un autre hĂ´te. Et le cycle se poursuit.

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Trois des échantillons de coprolithe récupérés des murs de Durrington près de Stonehenge. Crédits : Lisa-Marie Shillito
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L’un des Ĺ“ufs de vers capillariides en forme de citron rĂ©cupĂ©rĂ©s sur un coprolithe trouvĂ© Ă  Durrington Walls. CrĂ©dits : Evilena Anastasiou

De la viande insuffisamment cuite

Les humains modernes sont connus pour ĂŞtre infectĂ©s par deux espèces de vers similaires : Capillaria hepatica et Capillaria philippinensis. Cependant, dans ce cas, les bâtisseurs de Stonehenge (et leurs chiens) n’Ă©taient probablement pas infectĂ©s. Si tel avait Ă©tĂ© le cas, les Ĺ“ufs n’auraient pas atteint leurs selles, mais se seraient installĂ©s dans leurs organes internes avant d’Ă©clore. C’est pourquoi les chercheurs pensent qu’ils ont probablement consommĂ© de la viande d’un animal infectĂ© (abats, intestins et autres organes internes de bovins). IntĂ©grĂ©s dans les selles, les Ĺ“ufs ont ensuite Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s comme le ferait un prĂ©dateur dans la nature.

Les auteurs pensent également que ces transmissions de parasites se faisaient durant les festins hivernaux, durant lesquels une majorité de travailleurs se rendaient à Stonehenge.

Le dernier coprolithe (celui d’un chien) contenait les Ĺ“ufs d’un tĂ©nia, très probablement Dibothriocephalus dendriticus, que l’on trouve normalement dans les poissons d’eau douce. Puisqu’il n’y a aucune preuve que du poisson a Ă©tĂ© consommĂ© lors des fĂŞtes locales, les chercheurs soupçonnent que ce chien a probablement mangĂ© un poisson infectĂ© avant que les bâtisseurs ne se rendent Ă  Stonehenge pour l’hiver.