Selon cette étude, le gaz hilarant (à faible dose) pourrait soigner la dépression !

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Et si le gaz hilarant pouvait venir à bout de la dépression ? Cette idée pouvant faire sourire au premier abord a en réalité fait l’objet de recherches tout à fait sérieuses. Des scientifiques étasuniens ont en effet obtenu des résultats encourageants en étudiant le protoxyde d’azote.

Gaz hilarant et kétamine, même combat ?

Régulièrement utilisé comme anesthésique, le protoxyde d’azote (N₂O) ou gaz hilarant fait également l’objet d’un usage détourné chez les jeunes. Ceux-ci recherchent un effet rapide et euphorisant en utilisant des cartouches de ce gaz. Cette pratique qui n’est pas sans danger existe depuis des décennies, mais en France, on observe une véritable recrudescence de cet usage récréatif. Une étude publiée dans la revue Science Translational Medicine le 9 juin 2021 évoque un nouvel usage possible. Pilotés par l’école de médecine de l’Université Washington à Saint-Louis (États-Unis), ces travaux mettent en avant la possibilité d’utiliser le gaz hilarant comme traitement contre la dépression. Les chercheurs ont montré que des personnes inhalant ce gaz à faible dose pouvaient voir leur état s’améliorer assez vite.

protoxyde d'azote gaz hilarant
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Le protoxyde d’azote toucherait principalement le cerveau en bloquant les molécules des cellules nerveuses. Il s’agit des récepteurs NMDA (N-méthyl-D-aspartique). Par ailleurs, il faut savoir que ces mêmes récepteurs sont aussi visés par un autre anesthésique plus puissant : la kétamine, permettant aussi de soulager la dépression. Néanmoins, le fait est que personne ne sait réellement comment les récepteurs NMDA sont capables de modifier l’humeur.

À partir du moment où la kétamine a commencé à montrer ses effets positifs sur la dépression, le principal meneur de l’étude Peter Nagele a eu l’idée de vérifier si le protoxyde d’azote pouvait permettre d’obtenir des résultats similaires. Ce chercheur et son équipe avaient publié de premières recherches en 2014, montrant que les symptômes dépressifs pouvaient être réduits pendant une journée après une heure d’inhalation de protoxyde d’azote. Les tests concernaient des personnes chez qui les antidépresseurs classiques ne faisaient aucun effet.

Identification de la dose idéale

Le fait est qu’un usage prolongé du gaz hilarant peut générer des nausées et autres maux de tête. Dans le cadre de la dernière étude, les mêmes chercheurs ont observé les effets du protoxyde d’azote chez 24 personnes que les traitements habituels n’ont pas soulagé. Certains volontaires ont reçu un placebo (air + oxygène) et d’autres soit une demi-dose, soit une dose entière de gaz. Ce traitement fut administré chez les volontaires une fois par mois durant trois mois. Après deux semaines, les personnes du groupe « demi-dose » voyaient leurs symptômes de dépression baisser de cinq points en moyenne par rapport au groupe « placebo ». Rappelons au passage que ces points permettent de mesurer la dépression sur l’échelle de Dépression de Montgomery et Asberg.

En ce qui concerne le groupe « dose complète », les individus ont vu leurs symptômes baisser un peu plus encore. Néanmoins, les différences d’amélioration avec les membres du groupe « demi-dose » étaient très faibles. Selon les chercheurs, ceci a pu être le fait du hasard. Cependant, il apparaît certain qu’une dose complète de protoxyde d’azote génère des effets indésirables moins présents dans le cas d’une demi-dose, à savoir des migraines, nausées et vertiges. Les chercheurs étasuniens ont donc identifié la dose idéale de gaz hilarant permettant de traiter la dépression en réduisant au maximum les effets secondaires.