Les moteurs à distorsion, jusqu’ici des systèmes hypothétiques capables de propulser un vaisseau spatial en déformant le tissu de l’espace-temps, pourraient un jour ne plus appartenir au domaine de la science-fiction. En effet, des chercheurs américains estiment qu’il est possible de fabriquer ce type de moteur, du moins en théorie.
Une propulsion à distorsion subluminale
Voyager à des vitesses incroyables dans le cosmos, tel serait la raison d’être du moteur à distorsion (warp drive). Ce genre de système en théorie capable de déformer l’espace-temps occupe certains scientifiques depuis déjà quelques décennies. Basée à New York, la société Applied Physics et ses ingénieurs pensent que rien n’est impossible. Une publication dans la revue Classical and Quantum Gravity le 29 avril 2024 témoigne de travaux qui vont dans ce sens. Pour l’heure, atteindre une vitesse proche de celle de la lumière existe seulement dans les œuvres de science-fiction. De plus, le principe du moteur à distorsion est lui-même difficilement compatible avec les lois actuelles de la physique. Et pourtant, les chercheurs de Applied Physics estiment que leur étude peut changer la donne.
Jared Fuchs, le principal auteur de ces travaux, a évoqué l’idée d’une « bulle de distorsion » qui se trouve autour du vaisseau lancé dans l’espace. Or, cette bulle a vocation à protéger les occupants face aux déformations de l’espace-temps, mais également face aux terribles forces gravitationnelles relatives à un voyage à une telle vitesse. Il est ici question d’une bulle de distorsion qui fonctionnerait dans les limites connues de la physique et permettrait ainsi une propulsion à distorsion subluminale à vitesse constante. Autrement dit, cela permettrait d’aller à une vitesse proche de celle de la lumière sans la dépasser et ainsi, sans mettre en danger les organismes humains.

Crédit : iStock
Crédits : Wing-wing / iStockQuel carburant pour ce moteur ?
Toutefois, plusieurs interrogations viennent rapidement sur la table, notamment celle du carburant. Pour les chercheurs, ce carburant pourrait être ce que l’on nomme la « matière exotique ». Il s’agit d’une matière qui ne serait pas constituée des mêmes particules que la matière ordinaire et qui expliquerait donc l’origine de la matière noire. Seulement, voilà, l’existence même de cette matière exotique est encore hypothétique aujourd’hui.
« Bien qu’une telle conception nécessiterait encore une quantité considérable d’énergie, elle démontre que les effets de distorsion peuvent être obtenus sans formes exotiques de matière. », a déclaré Christopher Helmerich, autre participant à l’étude.
Enfin, si les scientifiques semblent convaincus par leurs travaux, ils rappellent que les voyages interstellaires (entre deux galaxies) ne sont pas pour demain. Rappelons tout de même que la galaxie d’Andromède, la plus proche de nous, se trouve à 2,54 millions d’années-lumière de la Voie lactée, notre galaxie.
Ainsi, l’hypothèse du moteur à distorsion semble s’éloigner progressivement de la science-fiction pour se rapprocher du domaine des possibles. Bien que de nombreux défis technologiques et théoriques persistent, les travaux récents montrent que l’humanité continue de repousser les limites de sa compréhension de l’univers. Peut-être qu’un jour, des concepts aujourd’hui considérés comme de simples spéculations seront les piliers d’une nouvelle ère d’exploration spatiale.