Dans un contexte de démocratisation progressive de l’automatisation au travail, des chercheurs américains sont à l’origine d’une avancée technologique pour une amélioration de la sécurité. Il est en effet ici question d’un algorithme qui permet de repérer les comportements imprudents des travailleurs humains.
Un algorithme pour détecter l’inattention des humains
Dans différents secteurs industriels, l’heure est à l’automatisation et au recours à la robotique avec des objectifs tels que l’amélioration de la qualité, l’augmentation de la productivité et la réduction des coûts de main-d’œuvre. Ainsi, de plus en plus de robots cohabitent avec les humains sur les chaînes de production. Il est notamment possible de citer Tesla qui utilise des robots dans certaines de ses gigafactories ou encore certaines grandes marques telles qu’Apple, Bosch, Continental, Samsumg ou encore Xiaomi.
Cependant, cette démocratisation de l’automatisation interroge au niveau de la sécurité pour les travailleurs humains. Il y a peu, des scientifiques de l’Université Washington à St-Louis (États-Unis) ont donc évoqué une solution pour détecter l’inattention des humains. Les chercheurs pensent en effet qu’en rendant les robots plus intelligents, il devient alors possible de limiter les risques d’accidents.
Dans leur étude publiée sur la plateforme IEEE Transactions on Systems, Man, and Cybernetics: Systems en juin 2024, les auteurs font part de leurs observations. Selon eux, de nombreux accidents du travail se produisent chaque jour en raison de l’inattention, et donc d’erreurs humaines. L’étude se base sur un paradoxe : alors que les robots suivent leur programmation à la lettre, les humains ont tendance à s’écarter des protocoles, ce qui a pour effet de générer des situations dangereuses. À l’inverse, la machine se concentre sur son travail et sur la sécurité sans se soucier des comportements humains.

Une amélioration de la sécurité à hauteur de 80 %
Les chercheurs ont mis au point un algorithme capable d’établir des profils type correspondant à des modèles de comportement grâce à l’analyse de différents facteurs, par exemple la fréquence à laquelle l’humain manque de vigilance au niveau de la sécurité. Autrement dit, la machine observe l’humain et essaye de le comprendre afin d’évaluer son niveau d’inattention. Ainsi, le robot pourrait modifier son comportement en conséquence, en évitant par exemple de se mettre sur le chemin d’un travailleur humain imprudent, toujours dans l’objectif d’éviter les accidents.
Pour ce faire, l’algorithme a été entraîné au moyen de simulations informatiques qui reproduisent des environnements de travail réalistes. Les chercheurs ont notamment modélisé une ligne d’emballage intégrant quatre humains et un robot, puis deux humains et un robot. Selon les résultats, la sécurité a été améliorée à hauteur de 80 % et la productivité jusqu’à 38 %.
Les auteurs de l’étude pensent désormais à la prochaine étape de leur travaux, à savoir tester le dispositif en conditions réelles. Dans un premier temps, ils mèneront des essais en laboratoire avec de véritables robots et des humains, avant de réaliser des tests directement sur le terrain. Par ailleurs, les chercheurs désirent poursuivre leur approche avec l’intégration d’autres traits humains qui peuvent altérer la sécurité et la production, notamment la rationalité et la conscience du danger.