Climat : l’augmentation de la sécheresse des sols pourrait rendre les vagues de chaleur plus supportables

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Crédits : flickr.

En diminuant l’humidité de l’air, l’accroissement de la sécheresse des sols provoqué par le réchauffement climatique pourrait rendre les vagues de chaleur plus supportables dans certaines régions du monde. C’est du moins ce que suggère une étude parue le 7 janvier dernier dans la revue Science Advances.

Lors des vagues de chaleur, la sensation d’inconfort dépend tout aussi bien de l’humidité de l’air que de la température mesurée sous abri. En effet, le corps humain se refroidit en grande partie grâce à l’évaporation de la sueur à la surface de la peau. Or, plus l’humidité ambiante est élevée, moins ce mécanisme est efficace, car l’air contient déjà une grande quantité de vapeur d’eau.

Vagues de chaleur et canicules : de l’importance de considérer l’humidité de l’air dans les études d’impacts

Afin d’évaluer l’inconfort, le risque de coup de chaleur ou encore de repérer quand les conditions se rapprochent du seuil de tolérance pour l’Homme, divers paramètres couplant la température et l’humidité sont utilisés par les scientifiques. Citons à titre d’exemple la température du thermomètre mouillé (notée Tw) dont la limite de 34 °C à 35 °C marque le seuil de tolérance biologique à partir duquel les conditions de chaleur deviennent létales. Et pour cause, l’incapacité du corps à se refroidir par évaporation mène très rapidement à un état d’hyperthermie.

canicule Europe 2019 vagues de chaleur
Crédits : Copernicus sentinel / ESA.

Les épisodes de chaleur sèche seraient donc moins dangereux que les épisodes de chaleur humide, toutes choses égales par ailleurs. Cette caractéristique a récemment fait l’objet d’une étude systématique confrontant un ensemble d’observations et de modélisations météorologiques aux données sur la mortalité. Les résultats montrent que cette dernière est effectivement moindre en conditions peu humides, malgré le fait qu’un sol plus sec permette à la température de grimper plus facilement.

Des mesures d’adaptation à la chaleur parfois contre-productives

Contrairement au paradigme qui prévalait jusqu’à présent, il apparaît que la faible humidité lors des épisodes de chaleur sèche compense largement les valeurs de températures plus élevées. Le mécanisme de régulation thermique du corps est donc efficace et la sensation d’inconfort limitée. À l’inverse, malgré des températures moins élevées, les épisodes de chaleur humide sont plus mortels, car les organismes doivent lutter pour se refroidir dans un environnement où l’évaporation de la sueur s’effectue beaucoup plus lentement.

Ces conclusions ont des implications fortes, car les mesures d’adaptation prises pour limiter la chaleur peuvent en réalité rendre les conditions encore plus mortelles. Par exemple, si l’irrigation et le reboisement sont bénéfiques à l’agriculture et à la biodiversité, ils humidifient l’air et peuvent le rendre moins supportable. Autrement dit, le bénéfice tiré d’une température moins élevée est plus que compensé par l’apport d’humidité. Cette contre-productivité des moyens de lutte contre les vagues de chaleur rappelle l’urgence de diminuer les émissions mondiales de gaz à effet de serre le plus rapidement possible.