À l’aide de ses racines, la végétation est capable de garder un lien avec les eaux souterraines. Or, c’est bénéfique en cas de sécheresse, la végétation devenant alors un refuge pour de nombreuses espèces. Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs ont mesuré le niveau des eaux à maintenir pour préserver cet effet protecteur.
Eaux souterraines : quel est le seuil à ne pas franchir ?
Dans la mesure où 30 % de l’eau douce présente sur notre planète se trouve sous terre dans les aquifères, il n’est pas étonnant d’apprendre que la survie des écosystèmes en dépend grandement. Toutefois, il était important de mesurer cette dépendance et une étude a été menée dans ce but. Pilotée par le SUNY College of Environmental Science and Forestry (États-Unis), ces travaux parus dans la revue Nature Water le 3 avril 2024 ont en effet justement permis de traduire cette relation en données chiffrées. Les travaux ont concerné la Californie, une zone touchée par des sécheresses récurrentes. Les scientifiques ont analysé des données des puits ainsi que 38 ans d’images satellitaires de la mission Landsat (depuis 1985). Or, cette période a permis de couvrir la sécheresse historique de 2012-2016.
Selon les résultats, la végétation est capable de maintenir un lien avec les eaux souterraines en cas de sécheresse. Or, c’est vital pour de nombreuses espèces, notamment les oiseaux et poissons qui se trouvent dans les zones dites ripariennes. Ces zones sont des couloirs à l’interface des écosystèmes terrestres et aquatiques qui font office de conduites, de filtres ou de barrières pour les écoulements d’eau, de sédiments et de nutriments.
En revanche, si une sécheresse importante s’installe, le niveau des eaux souterraines risque de baisser au-delà de la profondeur d’enracinement des plantes. Ainsi, la végétation perd pied et n’est plus en mesure de survivre correctement. Les scientifiques estiment ainsi que les plantes sont en bien meilleure santé lorsque l’eau est à moins d’un mètre de la profondeur maximale des racines.

Des mesures normalisées pour réagir rapidement
Cette étude est innovante, car elle a permis d’utiliser les connaissances portant sur la profondeur des racines des différents types de plantes pour déterminer approximativement le niveau d’eau souterraine nécessaire au maintien de la santé des écosystèmes. Or, si cette vision semble très simple, elle était jusqu’ici entravée par l’absence de mesures normalisées pouvant être utilisées partout. C’est d’ailleurs tout à fait logique, car les conditions hydriques sont propres à chaque lieu. Ainsi, les chercheurs ont appliqué une méthode de transformation des données en établissant un lien entre la profondeur des eaux souterraines, l’intensité de la couleur verte sur les images satellites et les besoins des écosystèmes.
Pour les chercheurs, ces travaux ont ouvert la voie vers une approche simple et pratique pour une meilleure gestion de l’eau. Ces données peuvent en effet être utilisées pour mieux gérer et répartir l’eau, principalement pour les usages domestiques (eau potable) et l’agriculture, entre autres. L’étude permettra en tout cas de comprendre plus rapidement lorsqu’un aquifère et son écosystème sont en danger, et d’agir en conséquence.