SĂ©cheresse et pĂ©nurie : y a-t-il une « guerre de l’eau » en France ?

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Crédits : JackSellaire / Pixabay

Un rĂ©cent rapport de l’AssemblĂ©e nationale tente de dĂ©finir les conflits d’usage de l’eau en France. Ce document dĂ©taille qui prĂ©lève quelle quantitĂ© d’eau et propose plus d’une vingtaine de recommandations afin de remĂ©dier Ă  ces conflits.

Qui prélève quoi en France ?

Cet été, la France craint un nouvel épisode de sécheresse aiguë. Fin avril 2020, nous évoquions déjà des températures élevées pour la saison et donc une installation précoce de la sécheresse dans notre pays. Et les premières personnes impactées ont bien entendu été les agriculteurs et autres exploitants.

La Commission du dĂ©veloppement durable et de l’amĂ©nagement du territoire a publiĂ© un rapport complet ce 4 juin 2020 pour l’AssemblĂ©e Nationale. Ce document est le fruit du travail de la Mission d’information sur la gestion des conflits d’usage en situation de pĂ©nurie d’eau.

Rappelons que la France utilise environ 37 milliards de mètres cubes d’eau par an sur les 175 milliards de mètres cubes composant la « recharge annuelle » des milieux naturels. Le document dĂ©taille donc qui prĂ©lève quoi dans notre pays (en 2016) :

20,8 milliards de mètres cubes d’eau douce sont utilisĂ©s dans le domaine de la production Ă©nergĂ©tique pour le refroidissement des centrales thermiques ou nuclĂ©aires, et relâchĂ©s dans les rivières ou sous forme de panaches de vapeur.

– 5,4 milliards de mètres cubes d’eau potable correspondent aux usages domestiques des Français, soit 170 litres d’eau par jour par usager.

– 4,7 milliards de mètres cubes pour l’alimentation des canaux.

– 3,2 milliards de mètres cubes pour l’irrigation de l’agriculture.

– 2,5 milliards de mètres cubes pour les besoins industriels.

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Crédits : NRCS / Jeff Vanuga

Conflits et solutions

Selon le rapport, l’agriculture irriguĂ©e reprĂ©sente environ la moitiĂ© de la consommation annuelle en eau. En pĂ©riode estivale, cette dernière incarne les trois quarts des prĂ©lèvements et se retrouve très souvent au cĹ“ur des conflits. En rĂ©ponse, les dĂ©putĂ©s proposent une rĂ©munĂ©ration Ă  destination des agriculteurs qui ont la volontĂ© de limiter leur consommation en eau mais aussi en produits phytosanitaires. Il est d’ailleurs question d’encourager les professionnels Ă  sĂ©lectionner des espèces vĂ©gĂ©tales moins gourmandes en eau et/ou plus rĂ©sistantes Ă  la sĂ©cheresse.

Pour les dĂ©putĂ©s, la France doit faire l’objet d’une « gouvernance de l’eau identique sur tout le territoire ». Il est notamment question d’une gestion par bassin versant et non par dĂ©partement. L’objectif ? Éviter la judiciarisation des conflits.

Pour appuyer cette argument, le rapport donne quatre exemples de conflits mĂ©diatisĂ©s en France ces dernières annĂ©es. Il s’agit de l’activitĂ© industrielle de NestlĂ© Ă  Vittel, la construction de retenues d’eau dans les Deux-Sèvres, le projet contestĂ© et abandonnĂ© de construction de barrage Ă  Sivens ainsi que la gestion agricole d’une grave et rĂ©currente sĂ©cheresse dans l’Indre.

Enfin, le rapport indique que les conflits proviennent souvent d’un manque d’Ă©tat des lieux partagĂ©s sur l’utilisation de la ressource en eau. Les mesures de restriction font Ă©galement l’objet de critiques puisque celles-ci arrivent très tard ou se rĂ©vèlent tout simplement insuffisantes.