Et si chasseur d’icebergs était un métier d’avenir ? Alors que les épisodes de sécheresse sont plus fréquents et intenses par endroits, cette pratique pourrait combler le manque d’eau. En revanche, la capture d’icebergs comporte des risques non négligeables pour l’environnement.
Prélever l’eau des icebergs
Depuis peu, le plus grand iceberg du monde, baptisé A23a, est en mouvement, une situation inédite depuis trois décennies. Or, ce monstre de glace couvre tout de même une surface de 4 000 km², soit pratiquement trois fois celle de la ville de New York. Toutefois, à l’heure où le réchauffement climatique est plus que jamais alarmant, certains s’intéressent aux icebergs pour une tout autre raison.
Depuis quelques années, chasseur d’icebergs est en effet devenu un métier plutôt lucratif. En 2019, Le Point détaillait les activités de Edward Kean, un Canadien qui prélevait l’eau des icebergs pour la revendre aux commerçants de la région en vue d’une mise en bouteille. Et si cette activité pouvait avoir une portée plus large, alors que de nombreuses zones du globe subissent des épisodes de sécheresse de plus en plus intenses et fréquents ?
Un article publié par le magazine NewScientist le 12 décembre 2023 traite de la question avec Matthew H. Birkhold, auteur de l’ouvrage Chasing Icebergs (2023). Ce professeur agrégé à l’Université d’état de l’Ohio (États-Unis) s’est interrogé sur l’avenir de cette pratique ainsi que ses conséquences sur l’environnement.

Des obstacles financiers et environnementaux
Rappelons tout d’abord que les glaciers et calottes glaciaires retiennent environ deux tiers de l’eau potable de notre planète. Or, plusieurs experts sont convaincus que le remorquage d’icebergs pourrait alimenter en eau douce les régions les plus sèches du globe. Citons par exemple Nick Sloane, expert sud-africain en sauvetage maritime, qui avait imaginé une opération dont le but était de remorquer un iceberg de l’Antarctique sur plus de 2 000 km jusqu’à la ville du Cap (Afrique du Sud). Il faut dire que depuis plusieurs années, cette métropole subit de plein fouet la sécheresse et peine à trouver des solutions viables. Toutefois, cette opération n’a finalement pas eu lieu, principalement en raison de son coût : plus de 145 millions d’euros.
Au-delà du financement de ce genre de projet, la question environnementale est également préoccupante. Lors de son acheminement, l’iceberg ciblé rafraîchit l’eau de l’océan et libère des nutriments. Or, cela engendre le développement d’une vie à proximité. Forts de leur rayon d’enrichissement, les icebergs sont importants pour divers animaux tels que les oiseaux marins, les ours polaires et autres manchots. Ainsi, leur déplacement pourrait détruire certains écosystèmes et même impacter les eaux chaudes vers lesquelles ils seront transportés.
Évoquons en outre la possibilité que ce type d’intervention influe sur la capacité des icebergs à stocker le dioxyde de carbone. Enfin, les remorqueurs utilisés pour déplacer les icebergs consomment une énergie considérable. Pour l’instant, certains scientifiques effectuent des tests afin de mesurer l’impact environnemental du remorquage des icebergs. Ainsi, il existe donc des chances pour que chasseur d’iceberg soit un métier d’avenir, mais pour l’heure, rien ne permet d’en être complètement certain.