Un étonnant mécanisme d’adaptation a récemment été mis en évidence par des chercheurs canadiens chez un petit poisson des mangroves. En effet, lorsque les eaux où évolue cet animal se mettent à atteindre une température trop élevée, celui-ci se jette sur la terre ferme pour se rafraîchir.
Si notre bon sens nous pousse naturellement à aller nous rafraîchir dans l’eau les jours de canicules, des chercheurs l’université Guelph (Canada) ont eu la surprise de découvrir le processus radicalement inverse chez un poisson connu sous le nom de killi des mangroves. En effet, ce petit animal vivant dans les marais de la Floride jusqu’en Amérique du Sud a la particularité de se jeter sur la terre ferme pour se rafraîchir lorsque les eaux atteignent des températures trop élevées. Un comportement inédit, que les scientifiques canadiens ont rapporté dans leur étude récemment publiée dans la revue Biology Letters.
Pour parvenir à observer ce phénomène étonnant, les chercheurs ont plongé des killi des mangroves dans un bassin qui était progressivement réchauffé. Lorsque la température de l’eau s’est mise à avoisiner les 36 °C, les poissons se sont alors mis à bondir hors de leur milieu naturel pour aller se déposer sur un papier filtre humide. Grâce à une caméra spéciale permettant de mesurer la chaleur corporelle, les scientifiques ont pu constater que ce comportement permettait aux killi des mangroves de réduire leur température quasi instantanément. Et pour cause, au bout de seulement une minute, la température corporelle des poissons s’était abaissée en-dessous de celle du papier filtre.
Comment expliquer un abaissement si rapide de la chaleur corporelle de ces poissons ? Tout simplement grâce à l’évaporation de l’eau située sur leur surface au contact de l’air sec. Un phénomène qui est relativement similaire à celui qu’il se produit lorsque nous transpirons et que l’évaporation de notre sueur contribue à éliminer l’excès de chaleur de notre corps. Pour autant, si ce processus de thermorégulation par évaporation-rafraîchissement est bien connu chez l’Homme, c’est la première fois qu’il est mesuré directement chez un poisson.
Enfin, même si ces sorties extra-aquatiques des killi des mangroves n’ont pas encore été observées en milieu naturel, tout laisse à penser qu’elles devraient être de plus en plus fréquentes au vu du réchauffement progressif des eaux dans lesquelles évoluent ces poissons. Ce comportement qui témoigne d’une adaptation remarquable de la part de cet animal devrait donc lui permettre de survivre plus longtemps face au changement climatique.
Sources : National Geographic — S & A
- Crédits photo : ANDY TURKO, UNIVERSITY OF GUELPH