Que se passerait-il si la Corée du Nord réalisait un test de bombe à hydrogène dans l’océan pacifique ?

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La Corée du Nord pourrait prochainement effectuer un test de bombe à hydrogène dans l’océan Pacifique. Cette menace n’est qu’une réponse à celle de Donald Trump qui avait déclaré vouloir « détruire totalement la Corée du Nord ». En quoi un tel test serait-il source d’inquiétude ?

L’escalade n’en finit plus entre les États-Unis et la Corée du Nord. Le 21 septembre 2017, le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho s’est dit quasiment prêt à ordonner le test d’une bombe H dans l’océan Pacifique, une réponse au discours de Donald Trump deux jours avant dans lequel ce dernier évoquait une destruction de la Corée du Nord.

Ri Yong-ho a promis qu’il s’agira de « la plus grosse détonation de bombe à hydrogène dans le Pacifique de l’histoire » et que les ordres sont attendus de la part de Kim Jong-Un afin d’aller plus loin. Puisqu’une détonation « dans » le Pacifique » a été évoquée, celle-ci pourrait donc se produire sous l’eau. Une telle détonation a à priori de grandes chances de causer le pire pour la vie aquatique et des retombées radioactives ainsi qu’un tsunami pourraient éventuellement impacter certains pays d’Asie, la côte ouest américaine ainsi qu’Hawaï.

Pour rappel, la bombe à hydrogène testée par la Corée du Nord le 3 septembre 2017 dépassait une puissance de cent kilotonnes au niveau de l’onde de choc et les États-Unis craignent que la nouvelle bombe testée soit encore plus puissante. Évoquons le fait que les deux bombes H lâchées sur le Japon en 1945 avaient une puissance de 15 et 21 kilotonnes « seulement » donc les interrogations portant sur la vie aquatique et d’éventuelles retombées radioactives et autres tsunamis sont de mise.

En effet, lorsque l’onde de choc se forme, du plasma se crée sous l’eau et des quantités importantes de débris et de vapeur sont projetés en l’air comme le montre le schéma ci-dessous.

Crédits : Defense Nuclear Agency

L’eau subit alors une expansion radiale et une énorme bulle se crée, perçant très rapidement la surface et un gouffre géant (jet rentrant) se forme puis s’effondre sur lui-même. Le schéma suivant est une représentation des vagues engendrées par l’explosion d’une bombe H.

Crédits : Defense Nuclear Agency

En conséquence, la vie marine serait décimée par l’onde de choc, mais un tsunami ne peut pas se former dans ce cas selon un rapport militaire américain (PDG en anglais/400 pages) par la Rosenstiel School of Marine and Atmospheric Science et commandé par la Defense Nuclear Agency en 1996.

Pour qu’un tsunami se forme, il faut obligatoirement avoir une zone de perturbation d’une longueur de plusieurs centaines de kilomètres, ce qui n’est pas le cas d’une bombe H. « Une bombe de ce genre ressemblerait plus à une tempête, Elle créerait des tonnes de vagues, mais ces vagues finiraient par se disperser. L’énergie n’arrive pas d’un seul coup comme dans un tsunami. Elle se déploie sur des heures, des jours, parfois des semaines », explique Oliver Bühler, professeur de mathématiques appliquées à l’université de New York interrogé par Motherboard.

L’océanographe Matthew Charette, également sollicité par Motherboard, estime que des pluies radioactives ont peu de chances de se produire : « Certains éléments sont très insolubles. Ils vont se coller à des particules et d’autres éléments dans la colonne d’eau et retomber dans les sédiments locaux. Là, ils ne seront plus un problème à long terme. D’autres éléments sont plus solubles dans l’eau de mer, comme le Cesium 137 de la catastrophe de Fukushima. Ceux-là peuvent bouger avec les courants océaniques. »

En définitive, un essai d’une telle envergure pratiqué par la Corée du Nord dans l’océan Pacifique ne comporterait pas de danger au niveau des tsunamis, mais la vie aquatique serait sérieusement affectée. Pour ce qui est des pluies radioactives, tout dépend des éléments et de leur solubilité.

Sources : Motherbard – Le Figaro