Se faire craquer les doigts est-il dommageable pour la santé ?

L’idée reçue qui veut que se faire craquer les doigts provoque de l’arthrite pour les vieux jours est fausse. Voilà qui devrait rassurer ceux qui s’inquiétaient sans pour autant parvenir à se débarrasser de cette habitude.

Voilà une habitude que certains d’entre nous ont, qui nous fait du bien, mais fait du mal à ceux qui se trouvent à proximité. Se faire craquer les doigts, c’est l’assurance de s’entendre dire une énième fois : « Arrête de faire craquer tes doigts, tu vas avoir de l’arthrite plus tard ».

Pascal Richette, spécialiste et membre de la Société Française de Rhumatologie, est formel : « Le bruit des articulations qui craquent n’est pas pathologique et n’augmente pas le risque de développer de l’arthrose ou de l’arthrite ». Le craquement est en réalité dû au phénomène dit de cavitation. « Vous modifiez la pression dans les articulations en tirant dessus, vous créez ainsi un appel d’air, une petite bulle qui se forme dans le fluide synovial (situé entre chaque articulation de notre corps), et c’est cette modification des propriétés gazeuses qui s’entend et génère le bruit ».

Donald Unger est un médecin allergologue américain né à la fin des années 1920 dont la mère, les tantes et la grand-mère ne cessaient de lui répéter de ne pas se craquer les doigts, sous peine de faire de l’arthrite à l’aube de ses vieux jours. Intrigué par cette forme de « conspiration », il a décidé de mener l’étude sur lui-même, et ce pendant un demi-siècle ! Tel qu’il l’expliquait dans le protocole de l’étude : « Pendant cinquante ans, l’auteur a fait craquer les articulations des doigts de sa main gauche au moins deux fois par jour, en ne touchant pas à celles de sa main droite afin qu’elle serve de contrôle. Par conséquent, les articulations de la main gauche ont craqué au moins 36 500 fois, pendant que celles de la droite n’ont craqué que rarement et de manière spontanée. À la fin des cinquante années, ses mains ont été comparées pour juger de la présence ou non d’arthrite. »

Résultat, au bout de 50 ans, aucune arthrite et surtout aucune différence entre les articulations de sa main droite et celles de sa main gauche. Une étude qu’il a lui-même qualifiée de restreinte, puisque pratiquée uniquement sur un seul sujet. Alors en 2011, une étude parue dans le Journal of American Board of Family Medicine, et réalisée sur un échantillon d’environ 200 personnes âgées a confirmé les résultats de Donald Unger en révélant que les personnes qui se faisaient régulièrement craquer les articulations des doigts n’étaient pas plus victimes d’arthrite que les autres.

Au final, le seul risque encouru à se faire craquer les doigts est celui de mettre votre voisin vraiment en colère.

Sources : BBC, lemonde