Comment des scientifiques tentent de sauver la mémoire des glaciers

Le glacier d'Aletsch, dans les Alpes suisses / Crédits : Dirk Beyer - Wikipedia

Des scientifiques ont décidé de relever un défi : collecter des carottes de glace des glaciers les plus exposés au changement climatique et les stocker en Antarctique pour les scientifiques des générations futures. Tel est l’objectif d’ICE MEMORY, un programme international de sauvegarde de la mémoire des glaciers. Après le colloque organisé à l’UNESCO en mars, la deuxième expédition du projet se déroulera en Bolivie sur le glacier de l’Illimani (6 400 m) du 22 mai au 18 juin 2017 selon le communiqué de presse au Centre National de la Recherche Scientifique.

Les glaciers gardent en mémoire l’évolution de notre climat et de notre environnement. Ce sont les seuls enregistrements naturels directs que nous avons des variations de la composition atmosphérique, une contribution essentielle à la science de l’environnement et du climat. Cependant cette mémoire de l’histoire de notre planète disparaît au fur et à mesure du recul des nombreux glaciers dans le monde entier en raison du changement climatique. Le projet Ice Memory vise à constituer la première bibliothèque mondiale de glace archivée en Antarctique et à préserver ce précieux patrimoine scientifique pour les générations à venir afin qu’elles puissent obtenir encore plus de données à partir de ces échantillons lorsque les techniques futures auront évolué. Les scientifiques des décennies et siècles à venir disposeront ainsi encore de matière première de qualité pour explorer et aboutir aux découvertes du futur.

Ce projet géré par la Fondation de l’Université de Grenoble Alpes en collaboration avec de nombreux partenaires français et italiens tels que le CNRS ou l’Université de Venise bénéficie déjà d’une communauté internationale dynamique de scientifiques et plus particulièrement de glaciologues.

Prochaine expédition : le glacier de l’Illimani du 22 mai au 18 juin 2017

Après le Mont-Blanc en 2016, la deuxième expédition, déjà à pied d’œuvre, se prépare pour un mois physiquement difficile sur le glacier de l’Illimani, en Bolivie à 6 400 m d’altitude du 22 mai au 18 juin 2017. Selon un communiqué de l’IRD« suite à un premier forage profond réalisé en 1999, il apparaît que ce site enregistre une multitude d’informations de sources différentes : évolution des précipitations, feux de végétation (côté amazonien), émissions de polluants d’origine humaine, pollution urbaine (côté “Altiplano”). Avec 140 mètres de profondeur et un écoulement réduit du glacier, le site préserve jusqu’à 18 000 ans d’archives climatiques et environnementales. Son étude permet ainsi de reconstituer le passé de cet environnement de la dernière glaciation à nos jours. »

Depuis fin avril, l’équipe internationale (France, Bolivie, Russie, Brésil) de 15 chercheurs est arrivée en Bolivie et s’acclimate. L’altitude élevée du glacier constitue la première difficulté de l’expédition et du forage : le transport du matériel (carottier, 75 caisses isothermes, matériel de campement…) par hélicoptère au sommet de l’Illimani étant impossible, il sera donc acheminé grâce à l’équipe de guides et porteurs boliviens.

Pour faire face aux difficultés physiologiques liées à l’altitude, deux groupes de chercheurs se relayeront pendant un mois entre le camp de base (4 500 mètres) et le sommet de l’Illimani. Leur objectif est de réaliser des forages sur le glacier jusqu’au socle rocheux afin d’extraire trois carottes de glace d’environ 150 mètres chacune. Ces « carottes patrimoine » seront ensuite transportées de nuit et à dos d’hommes jusqu’au camp de base puis par camion frigorifique jusqu’à La Paz et stockées au fur et à mesure dans un conteneur réfrigéré.

Suivez l’expédition !

Si vous voulez suivre l’acheminement du matériel au sommet, l’installation du campement, le forage, la découpe et descente des carottes de glace, la vie de l’équipe, ce sera possible du 22 mai au 18 juin sur le compte Facebook @ProtectingIceMemory.
Des photographies et vidéos seront également disponibles sur leur plateforme à partir du 18 mai.

Source –cnrs –Fondation Université Grenoble Alpes –Unesco –IRD