Des scientifiques se demandent si nous ne vivons pas dans un jeu informatique

Crédits : Capture vidéo

Vous avez peut-être déjà joué à des jeux tels que les Sims. Il s’agit d’une série de jeux vidéo tournant autour d’une simulation de vie sans fin où le joueur contrôle une famille de Sims en pouvant soit leur laisser leur libre arbitre, soit tout décider pour chaque membre afin de suivre des objectifs et désirs. Or, le fait de se demander si nous ne sommes pas des Sims contrôlés par un plus ou moins bon joueur est devenu une blague assez répandue sur le net. Mais plus surprenant encore, un nombre de plus en plus important de scientifiques commencent à se poser cette même question. Certains ont décidé de se pencher sérieusement sur le sujet et de se réunir pour en débattre le 5 avril à New York.

En 2012, Rich Terrile, le directeur du Center for Evolutionary Computation and Automated Design du laboratoire Jet propulsion de la Nasa, avait déjà émis l’idée que nous puissions être des membres d’une matrice et avait été le premier a annoncé ouvertement la possibilité que nous vivions dans une simulation. Il avait ainsi déclaré : « Tôt ou tard, nous arriverons à un stade d’avancée technique dans lequel simuler quelques milliards de personnes — et faire en sorte qu’elles croient qu’elles sont des êtres humains conscients et autonomes capables de contrôler leurs destinées — sera aussi facile que d’envoyer à un inconnu une photo de vos parties intimes par téléphone. » 

Selon lui, « à moins de croire qu’il y a quelque chose de magique dans la conscience — et je ne le pense pas, je crois que c’est le produit d’une forme très sophistiquée d’architecture à l’intérieur du cerveau humain — alors vous devez conclure que dans une certaine mesure cette conscience peut être simulée par ordinateur, ou en d’autres mots, peut être répliquée. » Sa théorie se base sur la mécanique quantique, mais aussi notamment sur la loi de Moore selon laquelle la croissance exponentielle des ordinateurs permettra de tout réaliser dans un futur proche. Et ce n’est pas le dernier à s’être posé la question.

Le 5 avril, pour le Isaac Asimov Memorial Debate de 2016 qui commémore chaque année la vie de l’auteur de science-fiction, un panel de scientifiques s’est réuni autour de Neil deGrasse Tyson dans le Musée d’Histoire Naturelle de la ville de New York pour débattre sur ce sujet controversé. La spécialiste en physique théorique Zohreh Davoudi du MIT qui a parlé de ses travaux sur les limites physiques – qui devraient selon elle être mesurables si l’univers était une simulation – n’a pas manqué d’avouer son amusement quant à cette idée de simulation. Pour Lisa Randall de l’université de Harvard, il semblerait qu’à première vue, cela n’est pas possible de distinguer si cela est vrai et une telle hypothèse n’a d’intérêt que si elle peut être examinée et testée, elle en profite d’ailleurs pour questionner les motivations qui se cachent derrière ces interrogations : « ce qui serait intéressant, ce serait de savoir pourquoi nous nous sentons obligés de vouloir que ce soit vrai ou même ne serait-ce que l’envisager. »

Le cosmologiste Max Tegmark du MIT s’appuie quant à lui sur les découvertes concernant les quarks et les leptons et déclare que les « règles [qui nous entourent] semblent entièrement mathématiques d’après ce que nous savons. » Il ajoute ensuite : « Si j’étais un personnage de jeu vidéo qui commençait à se poser des questions sur son monde virtuel, je découvrirais aussi finalement que les règles semblent complètement rigides et mathématiques. »

Quand il leur a été demandé d’imaginer combien de chances il y avait que l’univers soit une simulation, Max Tegmark a répondu « 17 % » et Lisa Randall « zéro », montrant bien qu’un gros scepticisme plane dans la communauté scientifique. David Chalmers, un éminent professeur de philosophie de l’Université de New York qui n’avait par ailleurs pas hésité à rappeler les questionnements de Descartes sur la nature de la réalité n’a pas manqué de répondre quant à lui qu’ils ne pourraient pas conclure sur la question, car « une preuve serait simulée » également. Le débat n’a donc définitivement pas fini de faire parler et de diviser !

La vidéo explicative :

Sources : Vice ; iDigitalTimes ; DailyMail