Des scientifiques ont récemment découvert une hormone inédite qui pourrait élucider un mystère biologique de longue date. Surnommée l’hormone cérébrale maternelle, elle joue un rôle crucial dans la formation des os post-partum. Cette découverte marque une avancée majeure dans le domaine de la biologie et pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapies pour traiter l’ostéoporose et d’autres maladies osseuses.
Identification de la nouvelle hormone
La découverte d’une hormone est un événement rare en biologie. Pour la confirmer, il faut prouver son lieu de production, ses tissus cibles et sa présence dans la circulation sanguine. Trouvée chez des mammifères, dont les humains, celle-ci voyagerait du cerveau aux cellules osseuses et favoriserait la formation des os après la grossesse.
Pendant la période post-partum, c’est-à-dire après l’accouchement, les niveaux d’œstrogène chutent chez les femmes. Simultanément, la demande en calcium augmente, car le corps utilise ce minéral pour produire du lait. Normalement, l’œstrogène joue un rôle crucial dans le renforcement des os et empêche leur déminéralisation (la perte de minéraux comme le calcium). Cependant, malgré la baisse d’œstrogène et l’augmentation de la demande en calcium, les os parviennent à conserver leur solidité pendant l’allaitement. Or, cela est possible grâce à l’action de cette hormone nouvellement découverte. Notez que cette hormone stimule la croissance et la régénération osseuse non seulement chez les femmes pendant l’allaitement, mais aussi chez les hommes.
Cette étude s’appuie sur des sur des souris. L’inhibition des œstrogènes dans leur hypothalamus augmentait considérablement la densité et la résistance osseuses, mais uniquement chez les femelles. Cela suggérait que le cerveau féminin pouvait influencer la croissance osseuse lorsque les œstrogènes sont désactivés. Pour comprendre comment, les chercheurs ont donc cherché une molécule transmise par le sang capable de relayer ce message.
L’équipe a alors confirmé que cette molécule se trouvait dans le sang en injectant du sang de souris modifiées (avec des os épais) à des souris normales, ce qui a entraîné une croissance osseuse spectaculaire. En étudiant l’activité des gènes dans l’hypothalamus, ils ont identifié le gène CCN3, responsable de la production de la protéine qui agit comme une hormone. Cette protéine, désormais appelée hormone cérébrale maternelle, était historiquement considérée comme agissant localement plutôt que dans la circulation sanguine. Les expériences ont montré qu’elle était en fait l’hormone recherchée.

Pourquoi est-ce important ?
Cette découverte est particulièrement novatrice pour plusieurs raisons. Traditionnellement, les hormones produites dans l’hypothalamus, une région du cerveau, communiquent avec l’hypophyse, une glande située à la base de cet organe. L’hypophyse agit ensuite en libérant des hormones qui circulent dans le corps pour transmettre des messages aux différents organes. Cependant, dans le cas de cette nouvelle hormone, le processus est différent. Ici, l’hormone de l’hypothalamus communique en effet directement avec les os, sans passer par l’hypophyse. Cela représente une voie de signalisation hormonale unique et inédite.
L’importance de cette découverte réside également dans ses implications pour la santé osseuse. Des expériences ont en effet montré que chez les souris âgées, cette hormone peut accélérer la guérison des fractures. Cela prouve son efficacité et son potentiel thérapeutique pour les humains. Les fractures sont notamment un problème majeur chez les personnes âgées, souvent liées à l’ostéoporose et à la fragilité osseuse. Une hormone capable de renforcer les os et de favoriser une guérison rapide pourrait donc révolutionner le traitement des fractures chez les seniors.
En outre, cette hormone pourrait également potentiellement servir pour accélérer la réparation des fractures chez des patients plus jeunes ou chez des athlètes chez qui une guérison rapide est cruciale. Or, les traitements actuels pour renforcer les os et accélérer la guérison sont limités et peuvent avoir des effets secondaires importants. Une hormone naturelle qui stimule la croissance osseuse pourrait ainsi offrir une alternative plus sûre et plus efficace.
L’étude figure dans Nature.
