Quand le « cyberbraconnage » menace les animaux

Crédits : Pixabay / Kaz

Un biologiste américain fait la lumière sur une pratique qui se repend de plus en plus aussi bien chez les braconniers que chez les touristes : le « cyberbraconnage ». Cette notion assez méconnue intègre principalement un acte plutôt vicieux : le piratage des balises GPS des animaux.

Voici une nouvelle sonnant comme une énième menace pour la conservation des espèces animales. Les balises GPS servent habituellement au suivi des animaux à l’état sauvage dans le but de les étudier, mais force est de constater que de nombreuses personnes se rendent coupables de leur piratage. Cet acte est le plus souvent le fruit de braconniers, mais également de pécheurs ou encore de photographes et de touristes.

Cette pratique nommée cyberbraconnage (en anglais cyber poaching) a été expliquée et dénoncée par Steven Cooke, biologiste à l’université Carleton d’Ottawa (États-Unis) dans une publication dans la revue Conservation Biology du 20 février 2017. L’intéressé cite notamment le cas de pêcheurs américains du Minnesota ayant réclamé un accès aux données faisant état du déplacement des poissons sous prétexte que les recherches étaient financées par l’argent public.

La volonté d’avoir accès à de telles données se répand comme une traînée de poudre dans le monde entier, mettant en danger les espèces animales protégées et faisant l’objet de recherches scientifiques. Bien que pour l’instant, les informations concernant cette pratique sont limitées en quantité, celle-ci existe bel et bien et se diffuse.

« Essayez d’imaginer toutes les façons étranges dont les gens pourraient essayer de profiter de cette technologie », indique Steven Cooke qui estime que le problème doit être réglé le plus rapidement possible.

Parmi les solutions évoquées, il y a par exemple le cryptage des données ou encore l’utilisation des outils télémétriques réservée aux seules recherches scientifiques. Malheureusement, le chercheur note qu’il sera compliqué de pousser les scientifiques à limiter l’accès à leurs données, tout simplement parce que « cela va à l’encontre de la philosophie » scientifique. Les chercheurs utilisent par ailleurs beaucoup les réseaux sociaux afin de partager leurs découvertes, sans compter ceux qui font l’objet d’un financement public et ayant donc des obligations en matière de partage de données.

Steve Cooke a répertorié les cas de cyberbraconnage existants mettant en scène des personnes utilisant des outils télémétriques comme les terminaux radio. Des photographes dans l’Ouest canadien suivent les ours et les caribous par ce biais, des fermiers américains perturbent la réintroduction de loups dans le parc national de Yellowstone et des plongeurs retirent les balises GPS des requins aux Bahamas. Les requins font même l’objet d’une traque des autorités elles-mêmes en Australie, et ce, par le même moyen.

« Pour ces entreprises, il y a une forte motivation financière de trouver des animaux de manière constante. »

Enfin, une telle pratique fait les affaires des voyagistes spécialisés dans les safaris. Steve Cooke a déclaré avoir recueilli le témoignage d’un de ces professionnels qui n’hésite pas à utiliser les balises GPS pour traquer les animaux afin de satisfaire les touristes et promettant des remboursements en cas d’échec !

Sources : Sciences et Avenir — Journal de Montréal