Simone Biles
Crédits : Fernando Frazão/Agence Brésil, via Wikipédia

La science derrière les prouesses gymnastes de Simone Biles

Avec huit médailles olympiques et trente médailles aux Championnats du monde, Simone Biles est indéniablement l’une des plus grandes gymnastes de tous les temps. Ses performances stupéfiantes et sa capacité à repousser les limites de ce qui est physiquement possible intriguent et fascinent. Mais au-delà de son talent brut et de son éthique de travail inflexible, plusieurs faits scientifiques sous-tendent son succès.

Entraînement neuromusculaire : la clé de la précision

Le succès de Simone Biles repose sur un entraînement neuromusculaire intensif et rigoureux. Ce type d’entraînement permet de coordonner efficacement le système nerveux et les muscles, ce qui est essentiel pour exécuter des mouvements complexes avec précision. Gina Pongetti, ancienne gymnaste et physiothérapeute, souligne que la gymnaste possède une compréhension approfondie de son corps et des signaux qu’il lui envoie.

Les exercices neuromusculaires de Simone Biles commencent dès son plus jeune âge, à six ans, ce qui lui permet de développer une mémoire musculaire exceptionnelle. Cette mémoire musculaire est le résultat de la répétition constante de mouvements spécifiques qui deviennent ainsi automatiques. En gymnastique, cela se traduit par la capacité à exécuter des routines complexes sans avoir à réfléchir consciemment à chaque mouvement.

Les signaux nerveux provenant des fuseaux neuromusculaires, situés dans les muscles, informent le cerveau sur l’étirement et la contraction des muscles. Parallèlement, les récepteurs sensoriels dans la peau et les articulations, comme les corpuscules de Pacini, réagissent à la pression et fournissent des informations cruciales pour ajuster les mouvements en temps réel. Ce niveau de communication entre le cerveau et le corps permet à Simone Biles de réaliser des performances d’une précision incroyable.

Proprioception : la maîtrise de l’espace

La proprioception est la capacité à percevoir la position de son corps dans l’espace, une compétence cruciale pour les gymnastes. David Neuman, membre de l’Académie américaine de chirurgie orthopédique, explique que cette fonction dépend des signaux envoyés par des cellules spécialisées dans les muscles, les tendons et les articulations.

Lorsqu’elle s’entraîne, la gymnaste utilise la proprioception pour juger avec précision ses mouvements et ajuster sa position en conséquence. Par exemple, lors des compétitions de saut, les récepteurs sensoriels dans ses paumes lui indiquent la force et la précision avec lesquelles elle frappe l’appareil. Cette information est ensuite utilisée pour ajuster son corps en vol, ce qui lui permet de réaliser des figures complexes avec une grande exactitude.

Pour développer cette capacité, Simone Biles suit un processus d’entraînement par étapes. Elle commence dans une fosse en mousse, une structure remplie de cubes de mousse où les gymnastes peuvent s’entraîner sans risque de blessure. À mesure qu’elle progresse, elle passe à des surfaces plus dures, ce qui renforce sa confiance et sa capacité à prendre des risques calculés. Ce processus d’apprentissage par étapes permet à la gymnaste d’intégrer et de perfectionner ses compétences de manière progressive et sûre.

Simone Biles
Crédits : Agence Brésil Photographie/Wikipédia

La force musculaire et la santé mentale : d’autres piliers de la performance

Outre la proprioception et l’entraînement neuromusculaire, la force musculaire de Simone Biles est un autre élément clé de ses performances. Du haut de ses 1,42 m seulement, la gymnaste possède une musculature impressionnante qui lui confère une grande efficacité dans ses mouvements. Ses muscles sont non seulement puissants, mais aussi rapides grâce à une prédominance de fibres musculaires à contraction rapide.

Les gymnastes ont besoin d’une force isométrique, c’est-à-dire la capacité de produire de la force sans changer la longueur des muscles. Cela est crucial pour des mouvements tels que le rebond sur le sol ou sur la table de saut. De plus, la force excentrique, qui permet de contrôler l’allongement des muscles, est essentielle pour absorber les forces générées lors des atterrissages.

La santé mentale est également un aspect crucial de la performance de Simone Biles. Sa décision de se retirer de certaines épreuves des Jeux olympiques de Tokyo en 2021 en raison des twisties, un phénomène psychologique qui désoriente les gymnastes pendant les sauts périlleux, démontre son courage et sa résilience. La capacité de la gymnaste à reconnaître ses limites et à se concentrer sur son bien-être mental est un témoignage de sa force intérieure.

En fin de compte, le succès de Simone Biles est le résultat d’un mélange de talent naturel, d’un entraînement rigoureux et de techniques scientifiques avancées. Sa maîtrise du système neuromusculaire, sa proprioception exceptionnelle et sa force musculaire combinées à une attention particulière à sa santé mentale font d’elle une athlète incomparable.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.