Comment la science a permis de gracier une mère accusée du meurtre de ses quatre enfants

Kathleen Folbigg
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Kathleen Folbigg, accusée du meurtre de ses quatre enfants au début des années 2000, est récemment sortie de prison sous ordre du juge grâce à de nouvelles preuves génétiques suggérant que ces derniers étaient décédés de mort naturelle. Elle aura passé plus de vingt ans derrière les barreaux.

La « pire tueuse en série d’Australie »

Née le 14 juin 1967 à New South Wales, en Australie, Kathleen Folbigg a perdu Caleb, Patrick, Sarah et Laura, ses quatre enfants en bas âge, entre 1989 et 1999, dans des circonstances tragiques. Les décès ont été initialement considérés comme des cas de mort subite du nourrisson. Cependant, des soupçons ont rapidement émergé en raison de la fréquence de ces décès dans une seule et même famille.

Après une enquête approfondie, Kathleen Folbigg a finalement été condamnée à 40 ans de prison en 2003 après avoir été reconnue coupable du meurtre de trois d’entre eux et de l’homicide involontaire de son quatrième. L’accusation alléguait que cette mère, qualifiée de « pire tueuse en série d’Australie » par les tabloïds à l’époque, avait assassiné ses enfants en les étouffant pendant des périodes de frustration. Au fil des ans, Kathleen Folbigg a cependant continué de clamer son innocence. La science vient de lui donner raison.

Kathleen Folbigg
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Deux variantes de gènes impliquées

En octobre 2018, les génomes de ces quatre enfants avaient en effet été séquencés. Ils avaient alors été révélé que les deux filles de Kathleen Folbigg, Sarah et Laura, avaient la variante du gène CALM2. Or, des recherches antérieures ont montré qu’elle affecte la façon dont le calcium se lie aux cellules cardiaques, entraînant alors une arythmie, puis une mort cardiaque subite. Des recherches plus poussées ont ensuite révélé que les deux garçons avaient une autre variante génétique rare dans le gène BSN, liée cette fois à des crises d’épilepsie mortelles chez la souris.

Ces découvertes ne prouvent pas définitivement comment les enfants sont morts. En revanche, elles suggèrent fortement des causes naturelles. D’ailleurs, plusieurs dizaines de scientifiques avaient déjà soutenu cette hypothèse en 2021.

Ce lundi 5 juin, Michael Daley, le procureur général de la Nouvelle-Galles du Sud, a finalement annoncé qu’il accordait une grâce inconditionnelle à Kathleen Folbigg, arguant que ces dernières découvertes permettaient de jeter un « doute raisonnable » sur ses condamnations. Selon certains experts, cette affaire aura un impact énorme sur la façon dont la science aide à guider les affaires pénales, la qualifiant de moment décisif dans les condamnations injustifiées de mères condamnées pour le meurtre de leurs bébés.