En Savoie, on produit de l’énergie avec du fromage !

Crédits : Wikipedia

Une société savoyarde produit du biogaz à l’aide de la fabrication d’un fromage local : le Beaufort. Des bactéries sont utilisées dans un processus de méthanisation dans le but de produire de l’énergie.

Le Beaufort savoyard est une appellation d’origine contrôlée (AOC) depuis 1968 et une appellation d’origine protégée (AOP) depuis 2009. Depuis le mois d’octobre 2015, une unité de méthanisation unique au monde est installée près de la ville d’Albertville, un site créé par la société Valbio, spécialiste de la production de biogaz à partir de produits laitiers. Voici les détails de cette initiative sonnant la refonte de la filière, incarnant un exemple d’économie circulaire.

Une logistique simplifiée et plus « propre »

« Notre carburant, c’est le lactosérum. C’est tout simplement le petit-lait que l’on trouve dans les yaourts nature » explique François Decker, directeur des opérations de la société Valbio.

Le lactosérum n’est autre que le « petit-lait », liquide provenant de la coagulation du lait. Auparavant, le lactosérum était envoyé à l’autre bout du pays par le biais de camions-citernes, afin d’être transformé en complément alimentaire, ce qui représentait environ 800.000 km de trajets cumulés chaque année.

Désormais, les vallées de la Tarentaise, du Beaufortain, du val d’Arly et de la combe de Savoie sont reliées à l’usine de la société Valbio (joliment baptisée « Savoie lactée »), ce qui représente une économie de 1000 tonnes de rejets carbone dans l’atmosphère par an. Cette optimisation logistique est le fruit du travail des sept coopératives de l’Union des producteurs de Beaufort (UPB), entre autres.

Ainsi, 13.000 vaches (de races Tarentaise et Abondance) sont regroupées autour de 650 éleveurs, dont la production totale correspond à 53 millions de litres de lait qui serviront à produire environ 4900 tonnes de Beaufort.

Produire de l’énergie avec du fromage ?

« La méthanisation est un procédé qui existe depuis la nuit des temps » explique Marc Schlienger, délégué général du Club Biogaz regroupant les professionnels de la filière au sein de l’Association technique énergie environnement (ATEE).

« À New Delhi en Inde, des gens plantent des tubes sur les décharges pour en récupérer le gaz. En Chine, ou en Afrique, où le développement bactériologique est plus rapide grâce à la chaleur, les agriculteurs font des trous dans lesquels ils mettent leurs déchets, et récupèrent ensuite le gaz pour leur cuisine » poursuit le professionnel.

Après la production de lait, le petit-lait est placé dans une grande cuve où il sera consommé par des bactéries que l’on aura ajoutées. On obtient ainsi une méthanisation, un processus de fermentation naturelle, d’où provient le biogaz. Ce dernier sera réinjecté dans un moteur de cogénération, et produira à la fois de l’eau chaude à 90 °C ainsi que le l’électricité : environ 2,8 millions de kWh par an, une production qui sera revendue à EDF.

La société Valbio s’implique dans la production d’énergie dans l’industrie de la transformation laitière, l’industrie du vin, des brasseries et distilleries, ainsi que l’industrie de la transformation des fruits. Également, Valbio s’intéresse à l’épuration des eaux urbaines. Cette société tente d’obtenir pour ses clients une indépendance énergétique, un respect des obligations réglementaires environnementales, et la valorisation sur place des effluents industriels (fluides résiduaires).

Sources : Vice NewsLe Parisien