Sous les eaux cristallines de la Méditerranée, des créatures mythiques se battent pour leur survie : les grands requins blancs. Si ces prédateurs majestueux sont souvent associés aux côtes de Californie ou d’Australie, où ils se rassemblent près des colonies de phoques, leur présence en Méditerranée est beaucoup plus discrète, mais aussi menacée. Aujourd’hui, des chercheurs tentent de les sauver avant qu’ils ne disparaissent complètement de ces eaux.
Une population en déclin
Le grand requin blanc est un élément clé de l’écosystème marin en régulant les populations de poissons et de mammifères. Pourtant, en Méditerranée, il est devenu incroyablement rare, au point que certains experts craignent pour leur survie. Contrairement à leurs congénères dans d’autres régions du monde, les requins méditerranéens ne bénéficient pas de zones de regroupement bien connues, comme les côtes californiennes. Ils sont donc particulièrement difficiles à localiser, ce qui complique les efforts de conservation.
Francesco Ferretti, professeur spécialisé dans les ressources naturelles et l’environnement, a néanmoins décidé de relever ce défi.
Des recherches innovantes
Pour retrouver ces requins, l’équipe de Ferretti a dû recourir à des techniques de pointe. Ils ont notamment utilisé l’ADN environnemental (eADN), une méthode révolutionnaire qui permet de détecter des traces d’ADN laissées dans l’eau, même si l’animal n’est plus visible. En d’autres termes, cela revient à « renifler » la présence d’un requin, un peu comme un chien piste un animal.
En plus de l’eADN, l’équipe a déployé des caméras sous-marines et des appâts pour attirer les requins et les observer. Leur terrain de recherche : le canal de Sicile, entre la Tunisie et l’Italie, une zone où ces animaux auraient encore une chance de survivre.
Malgré ces avancées technologiques, les expéditions n’ont pas été de tout repos. L’équipe a dû faire face à de nombreuses difficultés pratiques. Le canal de Sicile est en effet une zone de passage très fréquentée par les bateaux de pêche et les navires commerciaux, ce qui complique le déploiement des équipements et augmente le risque d’accident en mer.
Malgré ces obstacles, les chercheurs ont réussi à détecter la présence de requins blancs à cinq reprises lors de leurs expéditions. Ils n’ont pas pu interagir directement avec ces animaux, mais ces observations ont confirmé que le canal de Sicile était probablement l’une des dernières zones refuges pour cette population en déclin.

De potentiels refuges à l’est
Ces résultats marquent une étape importante dans la conservation des requins blancs en Méditerranée, mais il reste encore beaucoup à faire. L’équipe de Ferretti prévoit déjà de nouvelles expéditions et souhaite établir un programme de surveillance à long terme pour protéger cette espèce. « Nous savons qu’il existe un point chaud dans le canal de Sicile, mais il pourrait y avoir d’autres zones importantes ailleurs en Méditerranée« , explique Ferretti.
L’une des priorités sera d’étendre les recherches à d’autres parties de la mer, comme l’est de la Méditerranée, où pourraient se trouver des habitats essentiels, voire des zones de reproduction pour ces requins. En collaboration avec des pêcheurs locaux et des scientifiques internationaux, l’équipe espère mieux comprendre l’écologie unique des requins blancs méditerranéens et développer des mesures de conservation adaptées.