Des astronomes proposent un outil pour s’adapter aux constellations de satellites

constellations satellites
Un groupe de 25 satellites Starlink traversant le champ de vision d'un télescope de l'observatoire Lowell en Arizona. Crédits : Victoria Girgis/Observatoire Lowell)

Des astronomes proposent de mettre en place un nouvel outil baptisé « SatHub » pour faire face à la menace croissante des méga-constellations de satellites susceptibles de gêner les observations astronomiques.

Les constellations de satellites ne sont pas nouvelles, mais elles ont proliféré depuis quelques années à la faveur d’un accès à l’espace de plus en plus facilité. La plus citée reste celle de SpaceX, nommée Starlink, qui compte à ce jour environ 1 630 satellites opérationnels sur les 12 000 prévus dans sa constellation. Toutefois, SpaceX n’est pas la seule impliquée. En effet, Amazon est également sur le coup avec son projet Kuiper, tout comme OneWeb, récemment sauvée de la faillite. Il y a quelques semaines, le gouvernement chinois a également annoncé la création d’un groupe dédié au développement et à l’exploitation de constellations totalisant près de 13 000 satellites à large bande.

Cohabiter avec les astronomes

Ces nouvelles constellations visant à proposer un accès Internet à large bande pourraient néanmoins changer fondamentalement la façon dont les astronomes étudient le ciel nocturne. Ces satellites peuvent en effet être des millions de fois plus lumineux que les objets les plus faibles étudiés par les astronomes. Or, ces recherches nécessitent généralement plusieurs heures de temps d’exposition sous un ciel sombre immaculé. Pointez votre instrument au mauvais endroit au mauvais moment, et vous pouvez tout recommencer.

Très vite, des astronomes du monde entier se sont réunis dans le cadre d’ateliers SATCON (SATellites CONstellation) dans le but de trouver des solutions permettant de cohabiter avec ces constellations. À cette fin, les participants à la SATCON1 ont proposé l’année dernière plusieurs recommandations. Celles-ci comprenaient la limitation des altitudes des satellites en orbite terrestre basse à (moins de 600 kilomètres pour être moins gênantes), la réduction de la luminosité des satellites, le développement un logiciel de traitement d’images pour minimiser les traces de satellites et le partage des informations orbitales afin que les astronomes puissent anticiper.

Sur les deux premiers points, des progrès ont été réalisés, notamment avec SpaceX qui propose des « pare-soleils » visant à réduire la réflexion solaire sur les corps des satellites.

Dans le cadre de l’atelier 2021 (SATCON2) clôturé le 16 juillet dernier, auquel ont participé plus de 350 astronomes, opérateurs de satellites et spécialistes de la politique spatiale, les chercheurs se sont davantage concentrés sur les deux derniers points. « Nous avons besoin d’un effort de développement logiciel important« , a déclaré Jonathan McDowell, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics.

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Un « train » de satellites Starlink quelques heures après leur déploiement dans l’espace. Crédits : SpaceX

Un outil centralisé

De cette volonté est né un projet d’outil nommé SatHub qui, concrètement, viserait à centraliser les données orbitales des satellites, selon Spacenews. De cette manière, les astronomes ayant accès au logiciel pourraient organiser leurs observations en fonction. SatHub proposerait également un logiciel spécialisé capable de corriger les observations affectées par de tels passages.

« L’idée ici est d’avoir un guichet unique pour tous vos différents besoins concernant les observations de constellations de satellites en orbite terrestre basse« , a déclaré Meredith Rawls de l’Université de Washington. « Nous aimerions vraiment prendre de l’avance et éviter de réinventer la roue en ayant beaucoup de groupes isolés pour résoudre le problème« .

SatHub est encore dans ses phases de formation. « Il faudra un certain temps pour faire de cet outil une réalité« , a déclaré Rawls. Un effort précurseur, appelé Trailblazer, pourrait être prêt plus tard cette année. Les astronomes étudient également des modèles de financement dans le but de pouvoir le développer. Idéalement, les entreprises qui envoient des satellites dans l’espace devraient investir de l’argent.

Les propositions doivent être soumises à l’Union astronomique internationale le 10 septembre prochain et les délibérations se poursuivront probablement au moins jusqu’à la fin de l’année.

Enfin, les chercheurs ont également exhorté les pays qui sont responsables de leurs entités de lancement en vertu du Traité sur l’espace extra-atmosphérique des Nations Unies de 1967 reconnu dans les cadres du droit spatial international à accorder des licences aux opérateurs de satellites uniquement après que l’impact environnemental des satellites ait été évalué et minimisé.