Une fusée russe Soyouz a été lancée depuis le cosmodrome de Plesetsk ce lundi 1er août vers minuit, heure locale. La mission est classifiée. Cependant, tout laisse à penser que sa charge utile, un satellite désigné Kosmos 2558 à des fins de suivi, visera à traquer l’un de ses homologues américains.
Le satellite russe a depuis été placé sur une orbite quasi circulaire de 435 km sur 452 km, avec une inclinaison de 97,25 degrés. A priori, ces coordonnées orbitales n’ont l’air de rien. En réalité, elles permettront au satellite Kosmos 2558 de se rapprocher très près d’un satellite espion américain désigné NROL-87. Cette charge utile, développée pour le compte la National Reconnaissance Agency (NRO), avait été lancée le 2 février dernier par une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis la Californie.
D’après l’agence d’espionnage américaine, ce satellite renforcera la capacité de NRO à « fournir un large éventail d’informations de renseignement opportunes aux décideurs nationaux, des combattants et des analystes du renseignement pour protéger les intérêts vitaux de la nation et soutenir les efforts humanitaires dans le monde entier« .
Vous l’avez compris, il s’agit d’une déclaration bateau qui ne nous dit finalement pas grand-chose sur les véritables objectifs de ce satellite. Après tout, la mission reste classifiée. Cependant, il pourrait y avoir un peu plus. Selon l’astrophysicien et traqueur de satellites Jonathan McDowell, USA 326 auraient en effet récemment éjecté quelque chose. Il pourrait s’agir d’un simple débris, mais aussi d’un sous-satellite emportant une nouvelle technologie.
Contre-espionnage spatial
De son côté, la Russie aimerait visiblement en savoir plus. Selon Marco Langbroek, un expert en suivi de satellites, le milieu de la fenêtre de lancement de Soyouz correspondait en effet à peu près au moment où le plan orbital du satellite américain classifié est passé au-dessus de Plesetsk. Le satellite russe s’est donc lancé dans le même plan orbital, ce qui permettra plusieurs rencontres rapprochées entre les deux satellites (environ 75 kilomètres l’un de l’autre). La première est prévue ce jeudi 4 août.
Bien que cela puisse ressembler à une action provocatrice, cette manœuvre russe n’a rien d’illégal. Tant que Kosmos 2558 n’interfère pas directement avec NROL-87, une telle action ne viole aucune loi ou norme internationale. Ce ne serait pas non plus une première. En effet, deux satellites russes s’étaient déjà rapprochés à moins de 160 km du satellite américain désigné USA 245 il y a un peu plus de deux ans. À l’époque, les responsables américains n’avaient pas vraiment apprécié la manœuvre, jugeant ce comportement « inhabituel et dérangeant« .