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Les hommes gays ou bisexuels ont une meilleure santé mentale dans les pays tolérants

drapeau LGBT
Crédits : nito100 / iStock

Une étude américaine récente a porté son intérêt sur la santé mentale des hommes homosexuels et bisexuels. Or, il apparaît que les risques de dépression et de suicide diminuent lorsque les individus issus d’un pays plus intolérant viennent s’installer dans un pays plus tolérant.

Une question de santé mentale

En 2003, une étude expliquait que les hommes appartenant à une minorité sexuelle (gays et bisexuels) incarnaient l’un des groupes les plus exposés aux risques de dépression et de suicide. Le risque psychopathologique serait entre 1,5 et 4 fois supérieur à celui des hétérosexuels. Une autre étude parue en 2020 indiquait par ailleurs que l’intériorisation d’un certain mal-être à ce sujet pouvait être plus nuisible à la santé de ces hommes que le VIH.

Néanmoins, la situation de ces personnes peut potentiellement s’améliorer. Une étude pilotée par la faculté de santé publique de l’Université de Yale (États-Unis) montre que la baisse de la stigmatisation dans certains pays peut favoriser cette amélioration. Ces travaux publiés récemment dans le Journal of Abnormal Psychology laissent penser que lorsque la législation évolue en faveur des minorités sexuelles, celles-ci sont mieux protégées des violences et autres discriminations.

L’étude a eu recours à des données provenant de 48 pays montrant que les lois, mesures et attitudes sociales anti-LGBT+ génèrent une stigmatisation structurelle pouvant avoir un impact négatif sur la santé mentale des hommes concernés. La méthode des chercheurs de Yale consistait à examiner les données portant sur les homosexuels et bisexuels originaires de pays intolérants ayant immigré vers des pays plus tolérants. Les données en question concernaient 123 428 hommes vivant en Europe et en Asie, ayant répondu à une enquête sur Internet entre 2017 et 2018.

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Crédits : Pixabay

Une homonégativité intériorisée

Les résultats montrent une baisse des risques de dépression et de suicide chez les hommes homosexuels et bisexuels ayant immigré vers un pays plus tolérant. Cet effet est d’ailleurs très prononcé lorsque ces mêmes personnes sont présentes dans le pays en question depuis au moins cinq ans.

Les questions posées aux volontaires portaient sur leur avis concernant une éventuelle obligation de dissimuler leur orientation sexuelle. Il s’agissait aussi d’en savoir davantage sur leur isolement social et sur les attitudes négatives ressenties. Pour mesurer la stigmatisation structurelle, les chercheurs ont utilisé une compilation d’une quinzaine de lois et mesures concernant les LGBT+ favorisant ou non le mariage gay ou encore l’adoption d’enfants par des couples du même sexe.

Parmi les participants, 106 883 vivent encore dans leur pays d’origine. Pour eux, l’homonégativité intériorisée générant dépression et suicide était associée à la stigmatisation structurelle. Les 11 831 autres hommes ayant immigré dans un pays moins intolérant ont vu leur santé mentale s’améliorer. Par ailleurs, l’échantillon comportait une faible part d’hommes ayant immigré d’un pays tolérant vers un pays hostile aux minorités sexuelles. Chez ces individus, la santé mentale ne s’est pas dégradée. Avoir grandi dans un pays tolérant semble donc avoir été durablement bénéfique.