Des sangliers photographiés en train de sauver leurs congénères d’un piège

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Crédits : webandi/Pixabay

Un groupe de sangliers a récemment été photographié en train de sauver deux de leurs congénères enfermés dans un piège. Considérées comme représentant une forme avancée d’empathie, de telles tentatives d’évasion n’ont été enregistrées que chez une poignée d’espèces hautement prosociales.

Vous n’hésiteriez pas à venir en aide à l’un ou l’une de vos proches coincé.e dans une cage si vous en aviez les moyens. Cela pourrait paraître évident au premier abord, mais cette faculté relève en réalité d’un haut degré d’empathie. Il a déjà été démontré que ce processus connu sous le nom de « contagion émotionnelle » affecte également les cochons qui s’angoissent à la vue d’un de leurs congères en détresse au point de vouloir lui venir en aide. Les rats libérant leurs compagnons de cage retenus et les fourmis sauvant les membres de leur colonie piégés dans un piège en nylon enfoui dans le sable représentent d’autres exemples concrets de ce phénomène.

Dans une étude publiée dans Nature et appuyée par une documentation photographique unique, une équipe de chercheurs décrit ce comportement de sauvetage chez le sanglier pour la première fois.

Des sangliers piégés dans une cage

Concrètement, pour définir une tentative de sauvetage motivée par l’empathie, les chercheurs doivent observer un sauveteur se mettre en danger pour tenter de libérer une victime communiquant des signes de détresse, et ne retirer aucun avantage immédiat en la libérant (comprenez pas de nourriture ni d’accouplement).

Dans le cadre d’une expérience récente, un piège a été mis en place au sein d’un groupe de sangliers (Sus scrofa). Il s’agissait d’une cage capable de se refermer toute seule une fois des individus entrés à l’intérieur. Lorsque les portes se sont abaissées, un juvénile et un jeune adulte se sont ainsi retrouvés coincés. Très vite, les deux spécimens ont alors commencé à montrer des signes de détresse, chargeant les grilles de la cage pour tenter de s’échapper.

Un peu plus tard, un groupe de huit sangliers, dont une femelle adulte, a été photographié à l’extérieur de la cage. Sur les images, nous pouvons remarquer la crinière de la femelle (constituée de grandes soies brunes) se dresser alors qu’elle commence à charger les rondins de bois maintenant le piège en place.

Un comportement motivé par l’empathie

Bien que ces preuves photographiques de la tentative de sauvetage présentent quelques petites lacunes, il semble que ces efforts aient finalement permis de manipuler suffisamment les rondins pour ouvrir la cage. Il a ensuite fallu quelques minutes aux deux animaux piégés pour comprendre que la porte qui les enfermait pouvait être poussée pour s’extirper.

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Les images C, E et F montrent la crinière dressée de la femelle. Crédits : Masilkova et coll. (2021), Scientific Report.

« L’ensemble du sauvetage a été rapide et certains comportements particuliers étaient vraiment complexes, ciblés avec précision, suggérant des tendances prosociales profondes et des capacités exceptionnelles de résolution de problèmes chez les sangliers« , écrivent les auteurs. D’après eux, le comportement de sauvetage pourrait avoir été motivé par l’empathie dans la mesure où la femelle présentait un réflexe pilomoteur (un redressement des poils). Or, c’est un signe de détresse chez ces animaux. Ainsi, son état émotionnel correspondait à celui des victimes.

Ce n’est évidemment pas la première preuve d’intelligence de la part de ces animaux. Il y a deux ans, une équipe avait notamment documenté pour la première fois l’utilisation d’outils par des sangliers des Visayas, une espèce menacée d’extinction.