En Russie, on analyse des virus préhistoriques extraits du pergélisol

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Crédits : Nina Sleptosova / NEFU

Alors que les pandémies pourraient devenir plus fréquentes et plus meurtrières à l’avenir, la solution pourrait-elle nous venir du passé ? C’est en partie ce qu’espère le laboratoire d’État russe Vektor, qui vient d’entamer des recherches sur les virus préhistoriques extraits du pergélisol.

Un pergélisol est un sol qui reste gelé en permanence pendant au moins deux années consécutives. On en retrouve actuellement sur près de 17 % des surfaces terrestres… Mais il y en a de moins en moins. Depuis plusieurs décennies, on observe en effet une dégradation du pergélisol en raison du réchauffement climatique. En conséquence, les chercheurs s’attendent à ce qu’une partie du carbone organique – contenu sous ces sols – soit libérée dans l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone ou de méthane. Toutefois, ce ne sont pas les seules « menaces » qui pourraient émerger.

Des virus préhistoriques

Depuis plusieurs années, de nombreuses créatures congelées depuis la dernière période glaciaire se retrouvent en effet de nouveau mises à jour à mesure que le pergélisol sibérien se réchauffe. Des mammouths sont naturellement retrouvés, mais aussi des restes de loups, ou encore de chevaux. Il y a quelques semaines, les médias russes ont également rapporté la découverte d’un jeune rhinocéros laineux en Yakoutie.

L’analyse de ces animaux pourrait nous en apprendre davantage sur l’ancienne mégafaune évoluant jadis dans ces contrées glacées. Mais ce n’est pas tout. Toutes ces dépouilles pourraient en effet abriter d’anciens agents pathogènes susceptibles de nous livrer de précieuses informations.

Les chercheurs du laboratoire d’État russe Vektor, situé dans la région de Novossibirsk (Sibérie), en sont bien conscients. C’est pourquoi ils entament des recherches sur les possibles paléo-virus encore présents dans les tissus de ces animaux.

Rappelons que ce laboratoire est l’une des deux rares installations au monde à stocker le virus de la variole. Il a également permis le développement d’un vaccin contre le coronavirus, nommé EpiVacCorona, autorisé depuis octobre en Russie.

Ces travaux permettront «d’évaluer la diversité des micro-organismes ancien, dont l’ADN et l’ARN pourraient être conservés», et de «déterminer le potentiel épidémiologique des agents infectieux actuellement existants», ont indiqué les responsables du laboratoire dans un communiqué.

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Crédits : Nina Sleptosova / NEFU

En collaboration avec l’Université de Yakoutsk, les chercheurs de ce laboratoire ont entamé des premières analyses il y a quelques semaines, en se concentrant sur les tissus extraits d’un cheval préhistorique vieux d’environ 6 500 ans découvert en 2009 en Yakoutie (dépouille visible ci-dessus).

À terme, ils prévoient également d’étudier les restes de mammouths, d’élans, de chiens, de rongeurs, de lièvres et d’autres animaux préhistoriques.