Conflit Russie-Ukraine : quelles conséquences pour les fusées américaines ?

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Crédits : NASA Wallops/Allison Stancil

Une invasion de la Russie en Ukraine aura inévitablement des répercussions sur l’économie en général, mais qu’en est-il pour l’industrie spatiale ? Rappelons en effet que la Russie est un partenaire clé de la Station Spatiale internationale. Le pays fournit également des pièces de fusée clés pour deux sociétés de lancement américaines de premier plan.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est monté d’un cran, Vladimir Poutine annonçant le début de l’attaque militaire dans la nuit de mercredi à jeudi. À Kiev, la population commence à fuir vers l’ouest, tandis que les autorités ont d’ores et déjà rompu leurs relations diplomatiques avec Moscou. Pour l’heure, il n’y a donc aucun signe de désescalade. Les prémices d’une éventuelle guerre opposant la Russie au « monde occidental », et par extension les États-Unis, pourrait-elle avoir des conséquences pour les lanceurs américains ?

La fusée Antares

Deux sociétés de premier plan sont concernées. C’est le cas de Northrop Grumman et sa fusée Antares, surtout connue pour avoir lancé des missions de réapprovisionnement vers la Station Spatiale internationale (missions Cygnus). Sur le plan technique, Antares comprend en effet un premier étage de fabrication ukrainienne propulsé par deux moteurs RD-181 de fabrication russe. Alors, naturellement, la société garde un œil sur le conflit. « Nous surveillons évidemment la situation« , a souligné Kurt Eberly, directeur du lancement spatial de Northrop Grumman, lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 18 février. « J’espère que cela pourra être résolu … [mais] notre meilleur pari serait de nous approvisionner à l’avance. »

Northrop Grumman affirme également déjà disposer de tout le matériel nécessaire sur le site de lancement pour les deux prochaines missions. Les dates des deux prochains lancements n’ont cependant pas encore été publiées. Kurt Eberly garde cependant espoir que ces fournitures permettront à la société d’honorer ses contrats jusqu’à ce que les tensions puissent s’apaiser. « À partir de là, nous reviendrons à une procédure de fonctionnement normale« , a-t-elle ajouté.

Cependant, soulignons que l’ISS ne restera pas « à sec » si le flux de moteurs RD-181 devait être interrompu. La NASA, qui prévoit deux autres missions de réapprovisionnement en fret, pourrait en effet s’appuyer sur les capsules de SpaceX qui livrent déjà régulièrement du fret à la station.

Toujours côté ISS, la situation est en revanche moins certaine avec le vaisseau cargo russe Progress, chargé en grande partie de réapprovisionner le côté russe. Progress « redresse » également régulièrement la station pour l’empêcher de perdre de l’altitude en orbite terrestre basse.

Enfin, rappelons que le pays avait annoncé il y a quelques mois son intention de quitter l’ISS vers 2025. Un tel conflit pourrait-il avancer cette échéance ? C’est difficile à dire pour le moment.

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Crédits : ULA

ULA ne s’inquiète pas pour le moment

La seconde société concernée par ces possibles ruptures d’approvisionnement est United Launch Alliance. ULA utilise en effet des moteurs RD-180 de fabrication russe pour sa fusée Atlas V qui envoie de nombreuses missions dans l’espace chaque année. Les lancements notables d’Atlas V à venir incluent la mission d’observation de la Terre GOES-T, le 1er mars prochain, et l’Orbital Flight Test-2 (OFT-2) de la capsule CST-100 Starliner de Boeing, ciblée fin mai. À ce stade, ULA affirme cependant déjà disposer de tous les RD-180 dont elle a besoin pour ses prochaines missions. Tous ces moteurs sont actuellement stockés dans leur usine de Decatur, en Alabama.