La Russie a décidé de suspendre les lancements de ses fusées depuis la base spatiale de Kourou, en Guyane française. Moscou a également rappelé son personnel technique, en réaction aux sanctions de l’Union européenne après l’invasion russe de l’Ukraine.
La Russie se retire de Guyane
La Russie a décidé de suspendre sa coopération spatiale avec les responsables européens. Pour l’heure, il n’est donc plus question de lancer des fusées russes depuis le port de Guyane française, à partir duquel Moscou opère des lancements de la version « européanisée » de son véhicule Soyouz pour des missions de transport moyen. Environ deux douzaines de techniciens et ingénieurs russes travaillant dans ces installations seront bientôt rapatriées.
Le patron de la principale société spatiale russe, Dmitri Rogozine, a annoncé la décision sur Twitter ce samedi, affirmant que son pays répondait aux sanctions imposées à la Russie par l’Union européenne.
Côté calendrier, les Russes travaillaient à la préparation d’une mission visant à lancer deux satellites Galileo pour l’Union européenne le 6 avril prochain. Ce lancement est donc suspendu pour le moment.
Pour rappel, l’Europe a dépensé environ neuf milliards d’euros pour développer le système de navigation indépendant Galileo, qui compte désormais plus de deux douzaines de satellites en orbite. En réponse à l’action russe, le commissaire européen à l’espace Thierry Breton a publié une déclaration indiquant qu’il n’y aurait aucune conséquence pour Galileo, ni même pour la constellation Copernicus, en termes de continuité ou de qualité de service. D’après lui, ma suspension de la coopération par la Russie n’aura pas non plus d’impact sur leur développement.
« Nous prendrons toutes les décisions pertinentes en réponse à cette décision en temps voulu et continuerons résolument à développer la deuxième génération de ces deux infrastructures spatiales souveraines de l’UE« , a déclaré Thierry Breton. « Nous sommes prêts à agir de manière décisive avec les États membres pour protéger ces infrastructures critiques en cas d’agression, et continuer à développer Ariane 6 et Vega C pour assurer l’autonomie stratégique de l’Europe dans le domaine des lanceurs. »

Continuer, mais avec quels lanceurs ?
À très court terme, la décision russe met cependant l’UE un peu dans l’embarras. En effet, comme le rappelle Ars Technica, les petits lanceurs européens Vega ne sont pas assez puissants pour placer les satellites Galileo et Copernicus sur leurs orbites. Le lanceur lourd n’est quant à lui plus disponible (les derniers vols sont réservés), tandis que son successeur, Ariane 6, ne sera pas opérationnel avant au moins 2023. Enfin, la seule société occidentale disposant d’une capacité de réserve pour de telles missions reste SpaceX, qui est un concurrent direct de l’Europe pour ce type de lancements.
En attendant, l’Europe va donc devoir prendre des mesures exceptionnelles pour tenter de poursuivre ses activités spatiales sans encombre.