La Russie se retire du port spatial européen en Guyane

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Une fusée russe s'envole de Guyane. Crédits : ESA / CNES / Arianespace - S. Corvaja, 2011

La Russie a dĂ©cidĂ© de suspendre les lancements de ses fusĂ©es depuis la base spatiale de Kourou, en Guyane française. Moscou a Ă©galement rappelĂ© son personnel technique, en rĂ©action aux sanctions de l’Union europĂ©enne après l’invasion russe de l’Ukraine.

La Russie se retire de Guyane

La Russie a dĂ©cidĂ© de suspendre sa coopĂ©ration spatiale avec les responsables europĂ©ens. Pour l’heure, il n’est donc plus question de lancer des fusĂ©es russes depuis le port de Guyane française, Ă  partir duquel Moscou opère des lancements de la version « europĂ©anisĂ©e » de son vĂ©hicule Soyouz pour des missions de transport moyen. Environ deux douzaines de techniciens et ingĂ©nieurs russes travaillant dans ces installations seront bientĂ´t rapatriĂ©es.

Le patron de la principale sociĂ©tĂ© spatiale russe, Dmitri Rogozine, a annoncĂ© la dĂ©cision sur Twitter ce samedi, affirmant que son pays rĂ©pondait aux sanctions imposĂ©es Ă  la Russie par l’Union europĂ©enne.

CĂ´tĂ© calendrier, les Russes travaillaient Ă  la prĂ©paration d’une mission visant Ă  lancer deux satellites Galileo pour l’Union europĂ©enne le 6 avril prochain. Ce lancement est donc suspendu pour le moment.

Pour rappel, l’Europe a dĂ©pensĂ© environ neuf milliards d’euros pour dĂ©velopper le système de navigation indĂ©pendant Galileo, qui compte dĂ©sormais plus de deux douzaines de satellites en orbite. En rĂ©ponse Ă  l’action russe, le commissaire europĂ©en Ă  l’espace Thierry Breton a publiĂ© une dĂ©claration indiquant qu’il n’y aurait aucune consĂ©quence pour Galileo, ni mĂŞme pour la constellation Copernicus, en termes de continuitĂ© ou de qualitĂ© de service. D’après lui, ma suspension de la coopĂ©ration par la Russie n’aura pas non plus d’impact sur leur dĂ©veloppement.

« Nous prendrons toutes les dĂ©cisions pertinentes en rĂ©ponse Ă  cette dĂ©cision en temps voulu et continuerons rĂ©solument Ă  dĂ©velopper la deuxième gĂ©nĂ©ration de ces deux infrastructures spatiales souveraines de l’UE« , a dĂ©clarĂ© Thierry Breton. « Nous sommes prĂŞts Ă  agir de manière dĂ©cisive avec les États membres pour protĂ©ger ces infrastructures critiques en cas d’agression, et continuer Ă  dĂ©velopper Ariane 6 et Vega C pour assurer l’autonomie stratĂ©gique de l’Europe dans le domaine des lanceurs. »

fusée russie soyouz Guyane
Crédits : Roscosmos

Continuer, mais avec quels lanceurs ?

Ă€ très court terme, la dĂ©cision russe met cependant l’UE un peu dans l’embarras. En effet, comme le rappelle Ars Technica, les petits lanceurs europĂ©ens Vega ne sont pas assez puissants pour placer les satellites Galileo et Copernicus sur leurs orbites. Le lanceur lourd n’est quant Ă  lui plus disponible (les derniers vols sont rĂ©servĂ©s), tandis que son successeur, Ariane 6, ne sera pas opĂ©rationnel avant au moins 2023. Enfin, la seule sociĂ©tĂ© occidentale disposant d’une capacitĂ© de rĂ©serve pour de telles missions reste SpaceX, qui est un concurrent direct de l’Europe pour ce type de lancements.

En attendant, l’Europe va donc devoir prendre des mesures exceptionnelles pour tenter de poursuivre ses activitĂ©s spatiales sans encombre.