Depuis quelques jours, des milliers d’animaux marins meurent échoués sur les rives de la péninsule du Kamtchatka, en Russie. Une nappe de pollution, dont l’origine reste encore mystérieuse, en est la cause.
Que se passe-t-il dans cette région isolée de Russie ? Tout a commencé le mois dernier lorsque des surfeurs ont commencé à signaler des picotements dans les yeux. Depuis, huit personnes ont reçu un diagnostic de brûlure cornéenne au premier degré. Il y a quelques jours, les eaux transparentes de la péninsule ont également commencé à se draper d’écume et semblent dégager une odeur étrange. Enfin, de nombreux témoignages ont rapporté la mort de milliers d’animaux, des poulpes, des étoiles de mer et d’autres créatures marines, la plupart évoluant dans les profondeurs.
Depuis, médias locaux et associations environnementales montent au créneau, spéculant sur l’origine de cette nappe de pollution qui s’étend désormais sur quarante kilomètres de long et de trente à cent mètres de large.
Ce nouvel épisode malheureux a évidemment fait réagir le président russe Vladimir Poutine qui, en juin dernier, n’avait pas du tout apprécié la déclaration tardive d’une fuite de pétrole en Sibérie qui, à l’époque, avait déversé des milliers de tonnes de diesel dans la rivière Ambarnaïa. Le président a donc rapidement exigé une enquête.
De son côté, le gouverneur de la région, Vladimir Solodov, a juré sur Instagram que celle-ci serait « transparente » et que tout fonctionnaire qui aurait tenté de dissimuler l’ampleur de la catastrophe serait renvoyé.

Du carburant de fusée ?
Les premières analyses ont révélé des niveaux d’ion phosphate, de fer et de phénol supérieurs à la normale. Ces matières pourraient provenir de deux sites d’essais militaires particulièrement visés.
L’un d’eux (Radygino) situé à environ 10 km de la mer, abrite notamment d’importantes quantités d’heptyle, un carburant de fusée. D’après Vladimir Burkanov, un biologiste spécialisé dans les phoques, il est possible que ces structures, jugées très vétustes, aient rouillé suffisamment pour que ce carburant s’infiltre dans les cours d’eau. Jeudi, le gouverneur a néanmoins déclaré que les échantillons prélevés pour l’instant étaient « négatifs ».
L’autre site, Kozelsky, est également utilisé pour enterrer des produits chimiques et autres pesticides toxiques. Toutefois, là encore, des analyses menées sur place n’ont révélé aucune fuite depuis cette « décharge ».
Le ministre de l’Écologie, Dmitri Kobylkin, a également suggéré que l’incident n’était peut-être finalement pas d’origine humaine, mais causé par les conditions orageuses et les micro-organismes modifiant les niveaux d’oxygène. À l’heure actuelle, les analyses sont toujours en cours.