Russie-Occident : le partenariat spatial vieux de plusieurs décennies part en fumée

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Crédits : OneWeb

OneWeb, Station Spatiale internationale, moteurs de fusées, sites de lancements… Le secteur de l’espace n’est pas épargné par le conflit opposant la Russie et l’Ukraine (et par extension l’Occident) depuis plusieurs semaines. Où en est-on précisément aujourd’hui ?

Volonté de puissance, extension de l’OTAN perçue comme une menace, richesses ukrainiennes (matières premières) sur lesquelles le Kremlin voudrait mettre la main… Quelles que soient les intentions motivant la Russie à envahir son voisin ukrainien, tous les secteurs mondiaux sont aujourd’hui affectés par le conflit, dont le spatial. Le partenariat vieux de plusieurs décennies entre Moscou et l’Occident est en train de s’effriter peu à peu. Faisons le point sur la situation.

OneWeb et moteurs de fusées

Tôt ce jeudi matin (3 mars), la société londonienne OneWeb a annoncé la suspension des lancements de ses satellites depuis le cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan. La décision est intervenue après le refus de la Russie de lancer trente-six satellites Internet OneWeb comme prévu vendredi 4 mars à moins que OneWeb ne garantisse que ces derniers ne seraient pas utilisés à des fins militaires. Moscou voulait également que le gouvernement britannique accepte de se désinvestir de OneWeb, qu’il a aidé à racheter de la faillite en 2020.

Le patron de Roscosmos, Dimitri Rogozine, a également annoncé ce vendredi que son agence ne vendrait plus de moteurs de fusée aux entreprises américaines. « Laissez-les voler sur autre chose, leurs balais« , aurait-il déclaré.

Cette interdiction pourrait cependant n’affecter que la société Northrop Grumman qui utilise des moteurs RD-181 de fabrication russe pour sa fusée Antares. La société United Launch, qui s’appuie sur les moteurs RD-180 pour alimenter le premier étage de son lanceur Atlas V, affirme de son côté qu’elle en dispose assez pour assurer toutes les missions Atlas V restantes.

Comme le rapportait Sciencepost il y a quelques jours, Roscosmos a également interrompu ses lancements de fusées Soyouz depuis le port spatial européen de Kourou, en Guyane française. Le lancement du satellite-espion français CSO-3, qui devait être lancé fin 2022, a donc été annulé. À la place, le ministère des Armées pourrait se tourner vers Ariane 6, dont le premier vol opérationnel est attendu dans les prochains mois.

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Crédits : Roscosmos

ISS : une coopération compromise avec la Russie

Dimitri Rogozine a également remis en question la participation de la Russie au programme de la Station Spatiale internationale, longtemps été présenté comme un symbole de coopération après la guerre froide.

Rappelons que la Maison-Blanche avait récemment demandé à la NASA de se préparer à poursuivre les opérations de l’ISS jusqu’en 2030, bien qu’une telle extension nécessiterait l’adhésion de tous les partenaires du programme, y compris la Russie. Cette prolongation semble donc aujourd’hui compromise. Il convient aussi de rappeler que c’est le segment russe de l’ISS est responsable du guidage, de la navigation et du contrôle de l’ensemble du complexe orbital.

À bord, Roscosmos cesse également de coopérer sur des expériences scientifiques conjointes avec l’Allemagne jusqu’à nouvel ordre. Désormais, la Russie mènera ces enquêtes de manière indépendante. L’agence spatiale allemande DLR a quant à elle fermé son télescope eRosita, spécialisé dans la chasse aux trous noirs, placé sur le satellite russe Spectrum-Roentgen-Gamma.