La Russie construit des sous-marins dédiés à ses torpilles apocalyptiques

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Crédits : Alexyz3d

La Russie continue de travailler sur une forme unique de dissuasion nucléaire stratégique. La nouvelle agence d’État TASS vient en effet d’annoncer que sa flotte du Pacifique serait bientôt équipée d’une nouvelle division de sous-marins spécialement conçue pour lancer un drone-torpille nucléaire à portée intercontinentale appelé Poséidon. Ce dernier pourrait être utilisé pour attaquer les villes côtières et générer des « tsunamis radioactifs ».

Les torpilles Poséidon

En janvier dernier certains médias russes rapportaient la livraison du premier lot de production de torpilles Poséidon. Ces armes, qui transportent chacune une bombe nucléaire d’une puissance d’environ deux mégatonnes, seront propulsées par un réacteur nucléaire à métal liquide, leur conférant une portée, une endurance et des vitesses exceptionnelles. Chaque Poséidon, qui est environ trois fois plus large qu’une torpille lourde standard, pourra également plonger plus profondément que les torpilles américaines Mark 48 (plus de 1 000 mètres de profondeur).

Le développement de ces torpilles dévastatrices est en grande partie lié à l’inquiétude de la Russie concernant les capacités de défense antimissile naissantes des États-Unis, note Popular Mechanics. En réponse, il y a quelques années, le pays a commencé à développer une variété de systèmes de livraison nucléaires exotiques pour les contourner, comme les Poséidon et les missiles hypersoniques russes.

Notez que des torpilles nucléaires ont été déployées par l’Union soviétique en 1958. Cependant, la torpille nucléaire soviétique T-15 de l’époque était destinée à des attaques contre des cibles côtières précises, comme des bases navales, et elle devait être tirée à moins de quarante kilomètres de distance. De son côté, le Poséidon est conçu pour parcourir des milliers de kilomètres. Il est possible de le considérer comme une sorte de missile balistique intercontinental sous-marin ou comme un sous-marin kamikaze robotisé nucléaire.

Chaque Poséidon pourra ainsi voyager pendant des jours en mer avant de toucher une cible potentiel, s’appuyant sur l’IA pour manœuvrer et échapper aux défenses. Les conséquences d’une telle attaque sont encore floues, mais certains imaginent une explosion nucléaire déclenchée à proximité d’une cible côtière. Une telle approche pourrait alors générer une vague de tsunami d’eau irradiée.

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Le contenu d’une torpille Poesidon. Crédits : Association générale des Amicales de Sous-mariniers.

Une nouvelle division de sous-marins

Ceci étant dit, à l’heure actuelle, seuls deux sous-marins peuvent embarquer ces fameuses « torpilles apocalyptiques ». Le premier, le B-90 Sarov, est un sous-marin diesel-électrique à usage spécial qui utilise un réacteur nucléaire comme générateur d’énergie supplémentaire. Ce bâtiment qui opère dans la flotte du nord de la marine russe est cependant simplement utilisé comme démonstrateur technologique pour tester des armes et des équipements militaires améliorés.

Le second sous-marin, le K-329 Belgorod, joue essentiellement un rôle de recherche et de piratage sous-marin, servant aussi de vaisseau-mère pour le drone sous-marin Klavesin et le mini-sous-marin Losharik. Ce bâtiment mis en service en juin 2022 pourrait transporter jusqu’à six Poséidon dans ses tubes surdimensionnés. Cependant, ce n’est visiblement pas suffisant pour la Russie.

Il y a quelques jours, la nouvelle agence d’État TASS a en effet annoncé que la flotte russe du Pacifique activerait bientôt une nouvelle division de sous-marins spécialement conçue pour lancer ces torpilles. Ces quatre ou cinq bâtiments, qui seront capables de contenir une trentaine de torpilles chacun, pourraient être actifs depuis la péninsule du Kamtchatka dès la fin de l’année prochaine.

Le fait de baser ces nouvelles armes dans le Pacifique paraît logique. Les eaux plus profondes de la région donneront en effet à ces torpilles une plus grande liberté de manœuvre pour échapper à la détection. Elles pourraient également constituer une menace particulière pour les bases navales du Pacifique et pour les villes de la côte ouest des États-Unis comme Los Angeles, San Diego et San Francisco.