Un étage de fusée russe s’apprête à faire une rentrée incontrôlée

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Décollage de l'Angara A5 en 2014. Crédits : Mil.ru

Il y a une semaine, la Russie réussissait à faire décoller un prototype de sa fusée de nouvelle génération Angara. Il s’agissait du troisième essai pour ce nouvel engin qui doit remplacer les lanceurs Proton. Ce test a été présenté comme une vraie réussite. En réalité, tout ne s’est pas passé comme prévu.

La Russie développe sa nouvelle famille de fusées Angara depuis environ deux décennies. Parmi elles figure le lanceur lourd Angara A5 qui vise à remplacer les fusées Proton vieillissantes et très polluantes. Son déploiement a mis du temps, avec un premier vol d’essai tenté en 2014. Dans le cadre de ce test, le lanceur avait placé un simulateur de masse de deux tonnes en orbite géosynchrone. Un second vol a ensuite été tenté six ans plus tard, en décembre 2020. Là encore, il s’agissait de placer une charge utile factice en orbite (2,4 tonnes).

Pourquoi a-t-il fallu autant de temps entre ces deux vols d’essai ? Les dépenses liées à la construction de l’Angara A5 (environ 100 millions de dollars par véhicule) ont probablement été le facteur le plus important.

En décembre dernier, la fusée Angara A5 a néanmoins finalement repris du service avec un troisième vol. Dès lors, la Russie prévoyait de commencer à faire voler des charges utiles militaires à bord de ce véhicule, mais également de concourir pour des contrats de lancement de satellites commerciaux. Néanmoins, tout ne s’est pas passé comme prévu.

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Angara A5 sur son wagon transporteur à Plesetsk. Crédits : Mil.ru

Rentrée incontrôlée

Cette configuration de la fusée Angara proposait le même premier étage que les deux vols précédents : un seul noyau « Universal Rocket Module » alimenté par un moteur RD-191 avec quatre noyaux « URM » supplémentaires servant de boosters attachés. En revanche, pour ce nouveau test, la Russie s’est appuyée sur un nouvel étage supérieur nommé « Persei », alimenté par de l’oxygène liquide et du kérosène.

Pour son troisième vol, le véhicule Angara A5 a décollé du cosmodrome de Plesetsk le 27 décembre, emportant avec lui une autre charge factice. L’étage principal et les boosters ont fonctionné avec succès. Le second étage a quant à lui effectué une combustion initiale nominale de son moteur RD-0124, mais la seconde, permettant de placer la charge utile sur l’orbite prévue, a échoué.

Curieusement, les responsables russes ont célébré le lancement comme une réussite. Comme le souligne Ars Technica, le service d’information russe RT a en effet publié un article soulignant que l’étage supérieur Persei améliorerait considérablement les performances du véhicule Angara A5. L’étage supérieur (suivi sous le nom IPM 3/Persey) ne s’est quant à lui jamais rallumé et vogue en ce moment même à moins de 200 km d’altitude. Il fera probablement une rentrée incontrôlée ce mercredi. Espérons qu’il plonge dans l’océan.