Près de 60 ans après son premier vol, la Russie va construire sa dernière fusée Proton

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Crédits : ESA - B. Bethge

Roscosmos, l’agence spatiale russe, est en train de développer ses quatre dernières fusées Proton avant de stopper la production de ce vénérable lanceur, vieillissant et très polluant. Ces dernières fusées laisseront ensuite à la place aux lanceurs Angara.

Un lanceur historique

La fusée Proton est le principal lanceur lourd russe. Développée au début des années 1960, elle a opéré son premier vol en 1965, au beau milieu de la course à l’espace entre l’Union soviétique et les États-Unis. Depuis, plus de 420 de ces lanceurs ont été soulevés dans l’espace depuis la base de lancement de Baïkonour avec un taux d’échec d’environ 10 %, dont certains très médiatisés. C’était également à bord de l’une de ces fusées que Thomas Pesquet s’était envolé vers l’ISS en 2016, avant de voler avec SpaceX en 2021.

De nos jours, les fusées Proton présentent l’inconvénient d’utiliser des ergols trop toxiques selon les normes désormais en vigueur. Ces lanceurs, d’une capacité de levage de 23,7 tonnes métriques en orbite terrestre basse, ont également fait l’objet d’une concurrence croissante pour les lancements commerciaux. On pense notamment à la Falcon 9 de SpaceX, capable d’assurer des vols beaucoup moins chers tout en proposant primes d’assurance plus faibles. En conséquence, si plus d’une dizaine de ces fusées étaient auparavant lancées chaque année en Russie, le taux de vol est tombé à trois missions maximum par an depuis 2015.

En ce sens, son constructeur, GKNPZ Khrounitchev, développe actuellement une nouvelle famille de lanceurs nommée Angara, chargée de redorer le blason russe. Tout dépendra de la capacité du pays à réduire les coûts de production de son prochain cheval de bataille, l’Angara-A5, de 100 millions de dollars par lancement à 57 millions de dollars d’ici 2024, comme prévu initialement. Pendant ce temps, SpaceX continuera à faire voler son booster Falcon 9 pour moins de trente millions de dollars par lancement.

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Lancement du module Zvezda de l’ISS en 1998. Crédits : NASA

Une disparition progressive

Dans un communiqué de presse, Roscosmos a annoncé l’assemblage de quatre derniers lanceurs Proton à l’usine du Centre national de recherche et de conception de l’espace de Khrunichev, dans le district de Fili à Moscou. Une fois leur production terminée, ces quatre fusées seront ajoutées aux dix autres fusées Proton-M prêtes à voler.

La Russie prévoit de lancer ces quatorze dernières fusées Proton au cours des quatre ou cinq prochaines années. Pendant de temps, plusieurs charges utiles, telles que des satellites de communications militaires, seront progressivement lancées par la nouvelle fusée Angara-A5, lancée avec succès en 2014, 2020 et 2021 dans le cadre de vols tests.